Abi était rentrée avant lui, mais il avait fini par la rejoindre avec Emilie à ses côtés. La cadette des jumelles allait mieux, elle avait pu discuter avec son père et le comprendre un peu mieux. Il avait changé avec ses enfants, il était un peu plus doux, à l'écoute. Sauf avec Maya. Il avait toujours beaucoup de mal avec elle parce qu'il se sentait coupable. Il sourit à sa femme en le voyant tenir le manche du balais, mais il n'osa pas regarder sa petite fille. Et comme bien souvent, elle partit se réfugier dans sa chambre qui n'en était pas vraiment une. Il demanda à Emilie d'aller jouer et après il poussa sa femme dans la cuisine.

« Et si on faisait un gâteau ? Toi, la puce et moi. »

Walter voulait faire un pas vers sa fille. Il pouvait voir à quel point elle souffrait de son incapacité à communiquer avec elle. Alors quand il eut l'accord de sa femme, il partit la chercher. La petite fille, toujours dans son fauteuil, bataillait pour attraper son doudou qui était du mauvais côté de son lit. Elle se figea en le voyant arriver et commença à dire qu'elle n'avait rien fait de mal. Elle avait la trouille, mais lorsqu'il se mit à sa hauteur pour lui parler, elle se détendit un peu. S'il avait voulu l'engueuler, il n'aurait pas prit le temps de faire ça.

« Tu viendrais faire un gâteau avec moi ? Maman sera là. »

Elle avait commencé par dire non, de peur de se retrouver avec lui, seule avec son père, mais si sa mère était là, ça changeait tout. Elle marmonna un petit oui, avant de débloquer ses freins. Mais le papa n'était pas à l'aise avec le fauteuil de sa fille, il voulait l'oublier un peu alors il la souleva. Maya avait perdu pas mal de poids depuis son accident, ça faisait peur. Tout faisait peur. Mais cette après midi, ça allait être eux, rien qu'eux. Il la porta jusqu'à la cuisine et la déposa sur le comptoir. Elle tenait bien la position assise, ce qui était un bon point d'après le kinésithérapeute. La prochaine étape était de renforcer ses bras.

« Tu crois que maman va partager sa super recette de gâteau au chocolat avec nous ou on va devoir lui tirer les vers du nez ? »

L'expression était un peu trop compliquée pour la petite fille qui fit la grimace. Des vers dans le nez ce n'était pas très appétissant. Elle fit signe à ses parents de venir vers elle pour leur dire qu'elle pourrait peut être leur montrer comment faire, parce qu'elle savait.

Lorsque la petite fille proposa d'être la chef, il sourit avec elle. C'était la première fois qu'elle prenait les rennes de quelque chose devant lui, d'habitude elle avait trop peur d'aller à l'encontre de son papa. Sauf sur un terrain de rugby, mais c'était hors contexte à présent qu'elle était clouée dans son fauteuil. Il lança un regard fier en direction de ses femmes avant de donner les premiers ordres. Maya le coupa net en lui rappelant qu'elle était le grand chef de l'opération. C'était une habitude pour lui, mais devant l'autorité de sa fille, il capitula. C'était étrange de la voir comme ça, parce qu'il n'y avait qu'en cuisine qu'elle semblait aussi heureuse. Et devant les matchs à la télé. Parfois seulement, parce que le reste du temps, elle pleurait en repensant à son rêve brisé. Walter s'était perdu dans ses pensées et quand il revint sur terre, sa fille lui demandait d'aller chercher les œufs et le beurre.

« Tu veux un verre de lait pendant que je suis dans le frigo ? »

La blondinette fit oui et utilisa ses manières alors il sortit le lait et lui en servit un grand verre avec une paille. Il alla même jusqu'à sortir deux trois oréos pour qu'elle puisse grignoter en cuisinant. Et bien sur il fit de même pour sa femme. Il avait l'argument tout trouvé si elle refusait de manger, elle devait manger le gouter, pas pour elle, mais pour le sixième. Mais il fallait déjà se reconcentrer sur le gâteau et ses deux femmes étaient très sérieuses. Trop sérieuses et pour une fois, il décida de jouer le trouble fête en embêtant sa femme. Il se mit dans son dos et la chatouilla doucement. Le rire cristallin de sa fille le toucha. Il ne l'avait jamais entendu, du moins pas qu'il ne se souvienne.

« Ça te fait rire coquine, c'est à ton tour maintenant. »

Mais pour Maya il n'avait pas de chatouilles, il l'attaqua avec des bisous et c'est son souffle qui la titilla. Elle gigotait et lâcha l’œuf qu'elle tenait dans sa main. Elle arrêta de rire d'un coup, et il arrêta de jouer. C'était le genre de désordre qu'il n'aimait pas, n'acceptait pas, mais il n'allait pas engueuler sa fille alors que c'était grandement sa faute, si ? Il regarda l’œuf explosé au sol, puis sa fille, sa femme.

« Va falloir faire un peu plus attention que ça Maya. »

Ce n'était pas dit méchamment, pas de ton colérique ou de regard noir, juste un papa qui essayait de communiquer calmement. Mais sa se voyait sur son visage qu'il faisait des efforts. Beaucoup d'efforts. Alors quand il vit un autre tomber prêt d'Abi, il la regarda avec un regard perçant.

« Tu es sensée lui montrer l'exemple chérie... Le bon exemple. »

Un œuf. C'était tout ce qu'il lui fallait pour qu'il se tende, mais c'était lui. Maya était stressée à cause de ça, mais Abi détendit l'atmosphère en faisant tomber un deuxième. Elle n'était pas sérieuse, elle le tentait et il résista. Il lui tira la langue avant de la regarder se mettre à genoux pour ramasser.

« Mange ton gouter et laisse moi faire ça ! »

Walter la poussa à se relever et lui lança un regard assez dur pour qu'elle mange avant de ramasser les œufs. Par terre c'était gluant, mais il se fit violence et ramassa. Après avoir fini, il mit tout à la poubelle et écouta enfin ce que ses deux femmes racontaient.

« Non, mais je veux faire le gâteau avec vous, pas sans vous ! »

Le jeune homme fit une petite moue triste et se mit dans un coin de la cuisine. Il n'était jamais sur de si sa femme était sérieuse ou non, surtout maintenant. Du coup, il préférait arrêter de faire des bêtises et les regarder cuisiner. Il ferait ce qu'on lui demanderait de faire.

« Je peux vous laisser faire toutes les deux si vous voulez. »

Il ne disait pas ça parce qu'il ne voulait plus participer, mais il avait peur d'être de trop. Il n'était pas proche de Maya et quand il essayait, au moindre incident, elle avait peur. Sa femme pouvait l'aider, mais pas pour tout du coup.
Walter fit l'effort et retourna auprès de sa fille, mais il ne touchait plus rien. Pas question qu'elle prenne peur et se bloque. Elle aimait bien trop cuisiner pour qu'il lui retire son plaisir. Mais il s'ennuyait... Beaucoup. Alors il se redressa et passa derrière sa femme pour lui murmurer un petit secret. Il voulait faire des crêpes pour le repas ce soir, pendant qu'elle faisaient le gâteau.

« Seulement si c'est ok avec le régime de la puce. »

Maya ne pouvait pas tout manger et il arrivait parfois qu'elle doive manger autres choses qu'eux à table. Mais pour une fois, il voulait lui faire plaisir. C'était les périodes de Noël et elle méritait elle aussi son petit moment de bonheur.

« On a du nutella en plus. Elle adore ça... Tu la verrais sourire. »

Comme il ne cuisinait plus avec ses femmes, il s'ennuyait alors il se mit à penser au diner de ce soir. Il voulait faire plaisir à tout le monde en faisant des crêpes, mais il allait falloir convaincre sa femme. Celle ci ne fut pas bien difficile. Elle était toute amoureuse avec lui, contrairement à ce matin. Un peu surpris, il se laissa embrasser sans répondre. Mais son cœur reprit vite le dessus sur son cerveau et il rendit le baiser à sa femme. Il s'en foutait bien d'avoir de la farine sur lui pour une fois. Il ne s'arrêta que lorsque leur fille se mit à toussoter à cause de son malaise.

« J'aime maman. »

Walter la lâcha et partit faire un petit bisou sur le front de sa fille. Puis il fut temps de préparer sa pâte à crêpe, mais avant ça, il prit un oréo et le fourra dans la bouche de sa femme.

« Mange ! »

Partant dans son coin, il prépara rapidement tout et rajouta son ingrédient secret. La bière. Une bière qu'il finit en quelques gorgées à peine. Remettant sa préparation au frais, il arriva juste à temps pour voir le gâteau entrer dans le four. Il voyait bien que sa fille voulait voir ce qui se passait, alors il la souleva et l'approcha du four. Elle aimait bien tout voir, elle était curieuse de nature après tout. L'enfant demanda à rester pour voir le gâteau gonfler à travers la vitre. Il la garda donc dans ses bras et sans même qu'elle ne s'en rende compte, il la câlinait. Il était comme ça, il pouvait montrer son amour quand personne ne le regardait. Toutefois Abi lui parla et il fit un bon, manquant de lâcher Maya qui en rigola.

« Tu m'as fait peur ! Viens là toi, viens voir ce que tu as fait. »

Il tendit la main vers sa femme et la fit venir avec Maya et lui. Il était heureux de la retrouver, parce qu'il aimait sa femme. Sauf qu'il pensait à elle comme sa femme, pas sa femme qui était enceinte, parce que bien trop problématique pour son petit cerveau trop carré.

« Vous êtes parfaites... Mes petites femmes à moi. »

« C'est vrai, j'ai de la chance de vous avoir. »

Abi n'avait pas idée de la vérité de ce qu'elle disait. Il était surtout chanceux de l'avoir rencontré elle, il n'en serait pas là sans elle. Il lui donna leur fille pour pouvoir avancer dans la vaisselle. Elle avait raison, il devait l'aider. Puis faire la vaisselle c'était rapide et après la cuisine serait nickel. Comme il aimait... La chose fut rapidement fait, mais en reprenant Maya, il la trouva plus lourde, elle ne se retenait plus à lui, parce que ses petits yeux se fermaient.

« Tu fatigues déjà ma puce ? Tu veux faire une petite sieste ? »

Il oubliait souvent que sa fille fatiguait avec pas grande chose. Aujourd'hui elle avait une séance de kiné, avait été à la plage et venait de faire un gâteau. Grosse journée. Il vola la main de sa femme pour aller au salon ou Logan s'était endormi au milieu de ses legos. C'était l’hécatombe au niveau enfant cette après midi. Le papa s'installa dans le grand canapé et aida sa fille à être confortable dans ses bras, puis il tapota la place à côté de lui pour qu'Abi vienne. A peine était elle assise qu'il passait un bras autour de ses épaules.

« On a de la chance quand même... Ils sont adorables. Tu crois que je devrais monter Logan dans sa chambre, il va avoir mal partout à dormir par terre. »

S'il venait à dormir par terre, il se réveillerait grognon et douloureux, mais c'était différent pour les enfants. Ils pouvaient dormir partout sans se plaindre au réveil. Logan avait l'air heureux. Maya aussi. Mais la personne qu'il regardait vraiment là, c'était sa femme. Elle était assise à ses côtés pour la première fois depuis deux mois. Ils n'allaient pas parler d'Harry ce soir, juste d'eux et du futur, parce qu'il fallait en parler. Bientôt un sixième enfant viendrait agrandir la famille. La maison allait peut être un peu petite...

« Je sais que l'on est déjà un peu juste en argent, mais tu penses qu'on devrait vendre la maison pour en acheter une plus grande. Une plus grande et surtout adaptée à Maya. Peut être un chien... »

Walter avait mis ses idées en pause pour sa famille, mais maintenant que sa femme était de retour à ses côtés, il en avait pleins. Une nouvelle maison, un chien, peut être une petite visite chez ses parents. Il voulait vraiment aller de l'avant. Avec des moyens réduits peut être, mais quand même. Il travaillerai plus s'il devait, mais il allait être à la hauteur. Il en était convaincu à cause ou plutôt grâce au deux petits bouts de choux qu'il avait sous les yeux.

« On vendant la maison on aura déjà un apport et je pourrais demander un crédit à la banque. »

Il avait aussi cette idée folle de construire leur maison. D'acheter un terrain à la périphérie de Sydney et d'y faire construire un paradis pour sa petite famille. Mais pour ça, il allait devoir charmer le banquier et c'était la partie qu'il n'aimait pas. Il aimait tout avoir sans vraiment avoir à demander. Mais ce qui semblait avoir plus marqué sa femme, c'était le chien. Et elle avait raison, Emilie serait folle de joie. Puis quand il en avait parlé à Logan, il avait adoré lui aussi.

« Je regardais pour un chien pour Maya. Un qui pourrait l'aider dans les gestes de tous les jours. Et j'ai pensé que ça pourrait être une bonne idée. On a besoin d'aide pour tous nous réunir. »

Les chiens pour handicapés c'était un budget, un budget qu'il était prêt à ouvrir pour sa fille. Il voulait tellement la voir sourire comme un peu plus tôt dans la cuisine. Parce qu'elle était une petite fille normale au fond... En parlant de petite fille normale, il devait parler de quelque chose à sa femme. Un truc qu'il avait vu à la fin d'un journal sportif.

« Les Wallabies jouent contre les All Blacks ce weekend, tu penses qu'on pourrait l'y emmener, juste elle et nous. On pourrait essayer de la faire rencontrer ce Carter. »

Walter s'était toujours senti en compétition avec Dan Carter, mais dans la situation actuelle, il voulait qu'elle le rencontre. La voir sourire était son nouvel objectif. Elle était une petite étoile qui méritait de briller. Inconsciemment en pensant à sa fille, il lui caressait les cheveux avec douceur. Il n'arrêta pas en s'en rendant compte, il regarda sa femme assez fier de lui.

« Tu peux te reposer sur mon épaule toi aussi. »

Walter prit quelques minutes pour expliquer à sa femme ce qu'il voyait pour le crédit, le montant et les délais, l'apport du à la vente de la maison. Il lui disait les choses en gros parce qu'au final il se chargerait du prix. Il lui donnerait un montant et ensemble ils iraient visiter des demeures. Mais leur villa était proche du million alors ils auraient de quoi acheter pour la suite... Surtout s'ils faisaient comme il le voulait, et prenaient une villa un peu en dehors de la ville. Tout ce qu'il disait passait bien aujourd'hui. La maison, le chien et même le match de rugby. Il voulait vraiment faire en sorte que sa fille retrouve le sourire et rencontrer son idole allait surement la rendre toute chose. Le papa se voyait déjà devant son plus grand concurrent avec sa fille en train de papoter avec son joueur préféré. Il n'avait jamais vraiment comprit pourquoi lui, parce que Maya était une grande fan des Wallabies, pas des Blacks. Elle les aimait, mais sans plus, fin ce n'était pas d'eux qu'elle avait toute la collection.

« Je ferais tout pour que Maya le voit. »

Et quand il se mettait une idée en tête, on ne la lui enlevait plus. Il irait jusqu'au bout de son projet, même s'il devait emmener sa fille sur le banc de touche à la mi temps. Maya voulait Carter et elle l'aurait.
Avec douceur, il laissa sa femme s'installer sur son épaule et la regarda. Il avait loupé deux mois, fin ils n'étaient plus à deux mois près cette année. 2012 n'avait pas été leur année. Peut être que 2013 serait mieux. Toutefois il fut surpris qu'elle lui propose de mettre les enfants plus tôt au lit. L'épisode du cabanon aurait du se dissiper pour elle. L'envie était toujours là chez lui, mais il ne s'était pas fait agressé. Il était un peu déstabilisé et il s'approcha de son oreille.

« Tu es sure ? Parce que je ne veux pas te forcer. On ne le fera que lorsque tu seras prête à le faire. Même si c'est jamais. »

Au fond de lui, il espérait quand même qu'elle irait mieux un jour et qu'ils pourraient retrouver leur complicité sexuelle. C'était comme ça qu'il communiquait le mieux. Il en avait besoin de la sentir contre elle, réceptive à ce qu'il lui faisait.

« Tu seras peut être fatiguée. »

Sa femme le surpris lorsqu'elle parla d'une petite soirée coquine. Il ne s'y attendait pas du tout, surtout qu'ils étaient encore en froid la veille. Il se mit à la regarder avec intensité, parce que si elle était sincère, il ne dirait pas non. Elle le connaissait très bien et savait qu'il ne tiendrait pas aussi longtemps qu'il le prétendait. Il voulait une bonne nuit d'amour avec sa femme.

« C'est possible, je me fais vieux tu sais. »

Walter plaisantait. Il n'allait pas fatiguer ce soir, il allait la tenir en halène jusqu'à ce qu'elle le supplie d'arrêter. Fin non, il prendrait soin d'elle et ferait tout ce qu'elle voulait, même si sa voulait juste dire se faire des bisous.
Logan le coupa dans ses pensées, car il se réveilla et se mit à grogner. Un peu dans les choux, il alla jusqu'à sa maman et lui grimpa dessus. Il était toujours un peu à l'ouest quand il se réveillait. Parfois le petit garçon réagissait même comme son père au réveil. L'enfant se remit à somnoler, mais au final Maya ouvrit les yeux et d'un commun accord, ils se mirent à stimuler leurs enfants. C'était la meilleure solution s'ils voulaient les mettre au lit plus tôt.

« Alors mon bonhomme, tu étais fatigué ? »

Le petit garçon avait du mal à ouvrir les yeux, alors son père en profita pour lui embrasser le haut de la tête. Il fit pareil avec Maya avant d'attirer sa femme pour un baiser un poil plus intense. Mais cette fois ci, Logan ne manqua pas de les arrêter. Il se mit debout sur le canapé et passa ses petits bras autour du cou de sa mère. Walter n'aimait pas quand les enfants se mettaient debout sur le canapé, mais cette fois ça passa. Maya fit pareil, mais en restant assise sur son papa. Elle devait s'étendre pour atteindre sa mère, mais elle se fit vite aider par son papa.

« Vous voulez que je commence à faire le diner pendant que vous regardez un dessin animé avec maman ? »

Il eut un grand oui alors il leur mit un dessin animé et se tourna vers eux avec un air très sérieux.

« Vous prenez bien soin de maman, sinon je vais être très en colère. »

A moitié sérieux, à moitié en train de plaisanter, il partit comme ça pour faire des crêpes. Il en fit des salées, des sucrées, puis il mit la table pour tout le monde.

« Neal, Emilie, Chloé, on mange. Dépêchez vous sinon il n'y en aura plus ! »

Walter fut très rapide pour préparer le repas, mais lorsqu'il appela ses enfants, ces derniers ne mirent pas longtemps avant de se plaindre. Neal pensait que les jumelles prenaient les plus grandes alors qu'elles faisaient toutes la même taille. Même Logan et Maya ne se chamaillait pas comme ça. Cependant c'était une bonne leçon à prendre. Ils se disputaient sur les crêpes salées, alors il ferait la distribution des sucrées en personne.

« Si elles prennent les plus grandes, t'en prends deux et t'arrête de râler. On dirait moi. »

C'est vrai que le papa était un sacré râleur. Tout le monde sourit ou rigola sauf l'adolescent qui souffla. Il était le seul ne pas voir qu'il faisait des efforts pour réintégrer la vie de ses enfants. Ou peut être qu'il voyait mais ne voulait pas donner de deuxième chance à son père. C'était une possibilité qu'il devait accepter. Après tout il avait merdé pendant quinze ans avec lui.

« Aller. Bon appétit. Et si vous êtes sages on pourra peut être de la glace en plus du nutella sur votre crêpe dessert. »

Il voulait les couvrir d'attentions aujourd'hui. Encore plus que d'habitude parce que sa femme s'était enfin ouverte à lui. Elle lui avait manqué et c'était un moyen comme un autre de célébrer ça. Il aida son plus petit à garnir sa crêpe avant de le laisser manger et de s'en faire une à lui même. Il n'y avait plus grand chose à table, alors qu'ils venaient à peine de commencer, mais les assiettes étaient pleines, plus les enfants que les parents. Alors il picora à droite à gauche se qui les fit gémir, tous autant qu'ils étaient.

« C'est ça ou je mange toute la glace... »

Directement, les enfants se firent plus partageurs. Il n'eut pas de crêpes supplémentaires, mais des morceaux de jambons et de fromages, un peu de sauce, fin bref, il n'allait pas mourir de fin. Il vit soudainement que sa femme ne mangeait pas beaucoup, déjà tout à l'heure elle n'avait presque rien mangé alors il la fixa jusqu'à ce qu'elle le remarque. Il lui montra son assiette et quand elle fit non de la tête, il fit un regard sombre.

« C'est quoi le problème chérie ? C'est pas bon ? »

Neal en profita pour dire une méchanceté et il faillit s'en manger une. Walter essaya de se calmer et l'envoya sèchement dans sa chambre, sans le laisser finir son repas. Il reviendrait plus tard, quand tout le monde serait au lit.

Walter redescendait souvent sur terre avec son plus grand fils. Ce dernier était désagréable avec lui, et il avait toujours envie de se mettre dans une colère noire. Il ne le faisait pas à cause de ses autres enfants, mais du coup ça lui plombait un peu le moral. Il détestait ça, alors il resta silencieux pour le reste du repas. Pas un mot, il ne demanda même pas à sa femme si elle voulait quelque chose d'autre. Il se chargea de débarrasser avant de ramener le dessert, mais pas l'ombre de la glace. Et ce n'est pas les enfants qui allaient demander, il voyait l'humeur de leur père et se faisait tout petit. Tellement petits qu'ils mangèrent tous leurs crêpes nature pour ne pas s'en mettre partout. Il devait se souvenir de la fois où il était entrée dans une colère noire à cause d'une petite tache de nutella sur un tee shirt - victime Maya -

« Je vous veux tous au lit dans cinq minutes alors dès que vous avez fini, vous filez dans votre chambre. »

Sa voie grave en fit sursauter plus d'un. Les deux jumelles ne finirent même pas leurs desserts avant de filer dans la précipitation. Logan mit tout dans sa bouche et fit pareil. Il ne restait que Maya avec eux, mais il l'oublia totalement.

« Rappel moi pourquoi on a fait un sixième ? »

Il vit alors sa fille, les questions qu'elle se retenait de poser. Il devait la prendre avec des pincettes s'il ne voulait pas se faire engueuler. Alors il lui demanda d'aller à coté de son lit et qu'ils allaient venir l'aider dans quelques minutes. Elle s'éclipsa et il regarda sa femme, déjà sur la défensive, il se préparait à s'en prendre plein la gueule.

« Vas y je suis prêt, engueule moi... »

Mais il repéra sa fille dans l'encadrement de la porte et fit signe à sa fille de parler. De sa petite voie douce, elle demanda s'il y allait avoir un sixième. Ne voulant pas lui mentir, il lui dit oui et vit la déception. Elle n'avait pas aimé perdre sa place de petite dernière et avait toujours du mal à trouver sa place dans la famille. Elle était bien la seule de leurs enfants qui n'allaient pas s'en réjouir - et peut être Logan au début -.

« Je vais laisser maman t'en parler, moi je dois faire la vaisselle. »

Walter s'était rattrapé, il était revenu dans les bonnes grâces de sa femme, mais ça n'avait pas duré. Neal avait été désagréable, il s'était énervé et tout ses enfants avaient fuis. Et apparemment il était le coupable, alors qu'il n'avait aboyé sur personne. La vie était mal faite parfois. Il finit par balancer une boulette devant Maya et là sa femme s'énerva vraiment. Il pouvait le voir dans ses yeux. Et dans ses actions. Elle l'abandonna avec la vaisselle et partit s'occuper de leur princesse. Il fit un peu de rangement avant de descendre à la cave. Son chez lui depuis deux mois. Le canapé l'avait vite saoulé, trop petit pour lui, alors il s'était installé un petit lit de camp dans un coin de la cave. Il avait sa petite lumière et ses livres, ses dossiers, son réveil. Il avait essayé de se mettre à l'aise pour ne pas que se soit trop désagréable. Tout à l'heure, l'espoir de quitter cet endroit avait été si brulant... Que maintenant revenir là le faisait passer sous une douche froide. Le jeune homme ne pouvait s'en vouloir qu'à lui même. Elle n'aimait pas quand il était un papa brute et il l'avait été. Sa fille en avait fait les frais. Mais il avait du mal à comprendre pourquoi c'était si mal que Maya sache pour le bébé, ils avaient décidé de le garder après tout. Il faisait cet effort pour elle... Il remonta et alla vers la chambre de la blondinette parce qu'il ne voulait pas que cette journée ne se finisse sur une mauvaise note. Abi était assise sur le bord du lit, et il l'écouta.

« Tu voulais attendre, mais peut être que j'avais besoin de leur dire. Après tout c'est pas une mauvaise chose ce bébé. Tu le veux et on va l'avoir. Sa ne changera rien à l'amour qu'on te porte Maya. Il y aura juste un bébé en plus à la maison. Tu seras toujours aussi unique à nos yeux. »

Il avait commencé à parler au milieu de nul part, parlant à sa femme, puis à sa fille. La petite lui fit un micro sourire, mais pas sa femme et il ne savait plus quoi faire. Il envoya un baiser à sa blondinette et partit. Il avait essayé, ça ne fonctionnait pas alors il retournait à la cave pour dormir. Ou travailler, ça dépendrait de s'il arrivait à se calmer ou non.

Walter avait essayé, il n'avait pas réussi. Maintenant, dans sa petite chambre improvisée, il tournait en rond. Il ne savait pas s'il devait aller s'excuser ou s'il devait rester là se terrer dans son monde jusqu'à ce qu'elle décide à nouveau de lui pardonner. Il était perdu. Cependant quand elle arriva, il se braqua. Sans même y réfléchir.

« Tu es chez toi aussi. »

Il baissa les yeux sur le livre qu'il tenait, il voulait l'ignorer pour ne pas avoir à se disputer encore. Mais elle était insistante. Elle ne voulait pas partir et vint le rejoindre sur son petit lit. C'était un peu trop pour lui qui se leva précipitamment. Son livre tomba par terre et il la regarda. Sérieux et un peu mal à l'aise,

« Qu'est ce que tu veux ? Je sais que je n'aurais pas du dire à Maya que tu es enceinte, mais c'est sorti tout seul. Je suis pas un papa qui assure. Mais je n'ai pas envie que tu viennes pour m'engueuler ce soir. J'ai envie d'être tranquille. »

Il voulait toujours être tranquille le soir ces derniers temps. Avant, il aimait faire l'amour à sa femme et passer du temps devant la télé avec elle, mais maintenant c'était différent. Il s'éclipsait dès qu'il pouvait pour aller se cacher dans la cave. Il ramassa son livre - il n'aimait toujours pas le désordre -.

« Dis moi ce que tu veux ? Que je m'excuse ? Parce que je ne le ferais pas. Je ne sais même pas ce que j'ai fait de mal. C'est Neal qui a été insolent et comme par hasard ça me tombe dessus. Si on divorce un jour, se sera à cause d'une dispute qu'il aura créé à tous les coups. Il me déteste et tu le protèges. C'est comme si t'aimais le voir nous séparer. »

Ça l'énervait et il n'arrivait plus à le cacher. Il se mit à crier dans la cave en se rapprochant dangereusement de sa femme.

« J'en ai assez de me battre pour toi. La femme que j'ai épousé m'aimait, pas comme celle que j'ai en face de moi. C'était bien beau de me faire rêver tout à l'heure, mais si c'est juste pour qu'on garde ton bébé je préfère abandonner tout de suite. »