Depuis qu'Abi et lui avait découvert qu'elle était enceinte, plus rien n'allait dans leur couple. Walter n'était pas prêt à élever l'enfant d'un viol, mais en même temps il ne voulait pas quitter sa femme. Celle qu'il considérait comme la femme de sa vie. Son unique. Il se battait intérieurement pour étouffer ses sentiments. Trop de choses lui étaient arrivées dessus récemment. Il avait de plus en plus de mal à garder la tête hors de l'eau.
Aujourd'hui, il avait proposé une sortie. Pas la peine que les enfants soient encore plus malheureux à cause de leurs parents. Car même s'ils sentaient que quelque chose n'allait pas, il avait droit de garder leurs innocences. C'était donc à la plage qu'ils s'étaient réunis. Un endroit que tout le monde aimait. Neal était parti surfer avec sa nouvelle copine, Chloé lisait un livre tout en faisant un château de sable, sa jumelle nageait pour voir les poissons, tandis que les deux derniers restaient prêt de leurs parents. Logan par obligation, et Maya parce qu'elle n'avait pas le choix. Le plus petit se mit à quelques mètres de leur parasol pour jouer au ballon. La blondinette succomba au sommeil, ça lui arrivait souvent après une séance de kinésithérapie. Ça l'épuisait, mais elle gagnait en indépendance, en force et souriait un peu plus.
Walter regarda sa femme qui s'était assise sur la serviette opposée à lui. Il pouvait comprendre ce besoin de distance, il n'était pas des plus gentils avec elle, mais sa présence lui manquait. Le papa aida sa fille à être plus confortable dans son sommeil en la prenant comme un grand bébé dans ses bras. Sa fille, sa culpabilité...

« Tu devrais venir sous le parasol, tu vas attraper un coup de soleil. »

Il l'avait vu tartiner tous les enfants de crème solaire, même Neal, mais pas elle. D'habitude c'était son job à lui, mais il ne pouvait plus la toucher depuis que son ventre pointait en avant. Il avait même du mal à la regarder.

« Si tu tiens à rester au soleil, met au moins un chapeau. »

L'avocat était toujours beaucoup plus à l'aise dans un tribunal qu'avec ses enfants. Mais aujourd'hui, il y avait une légère différence, il était bien avec sa petite Maya, c'était avec sa femme que sa bloquait. Elle était enceinte, probablement d'un autre homme et elle agissait comme si c'était de sa faute. Du moins, c'était le point de vue qu'il avait. Il ne lui parlait pas beaucoup, mais quand il le faisait, il avait l'impression qu'elle le repoussait. Comme à l'instant lorsqu'il lui avait dit de venir s'installer sous le parasol avec lui. Ce n'était pas qu'à cause du soleil, il avait voulu l'avoir à porter de main. Mais si elle ne le voulait pas, il ne la forcerait pas. Qu'elle brule. Car personne ne pouvait immuniser sa peau contre le soleil de l'Australie. Il résista pendant plusieurs minutes avant de se tourner à nouveau vers elle.

« Si tu restes au soleil, tu devrais au moins boire un peu d'eau... Pour le bébé. »

Maya s'étira dans ses bras et il en profita pour l'installer dans les coussins qu'ils avaient installé pour elle. Elle y serait plus confortable et comme ça, il pourrait continuer à veiller sur elle. Il avait toutefois une mission à effectuer avant cela. Il se leva, prit sa serviette et la mit au soleil avant d'aller tirer celle de sa femme à l'ombre, avec sa femme dessus. Elle était têtue, mais il l'était encore plus.

« C'est mieux pour tout le monde comme ça. »

La maman pouvait être à l'abri du soleil sous le parasol, prêt de ses deux plus jeunes et il regardait Emilie qui nageait à la recherche de Nemo. Le soleil tapait, et en moins de cinq minutes, ses épaules se mirent à rougir, alors il remit son tee shirt et enfila sa casquette. En ce mettant au soleil, il avait lui même oublier les conseils qu'il avait donné à sa femme. Mais les UV le lui avait vite rappelé.
Logan vint vers lui en courant, tout fier de lui. C'était rare lorsqu'il venait le voir lui et pas Abi alors il fut surpris. Mit quelques secondes avant de réagir. Le petit avait trouvé un coquillage et voulait le ramener à la maison, alors le papa promit d'en prendre soin jusqu'à leur retour. A peine le petit était il partit qu'il regarda sa femme avec un petit sourire. Il le perdit vite en se rappelant qu'ils ne se parlaient plus.

« Tu n'étais pas obligée de venir tu sais. J'aurais pu les occuper. »

Abi ne vivait pas une période facile, il le savait, le comprenait, mais il en avait marre d'être la victime de ses colères. Il avait tout fait pour devenir le papa qu'elle voulait, l'homme qu'elle voulait et elle le traitait mal. Pourquoi ? Parce qu'il n'arrivait pas à aimer un bébé qui n'était pas de lui. C'était injuste et même elle aurait du le voir.

« Parce que tu aurais pu te reposer loin de leurs cris. »

Encore une fois, il n'avait pas pensé à mal et elle l'avait attaqué. C'était la fois de trop et il avait craqué. Il se leva, attrapa sa planche et partit à l'attaque des vagues. Le surf faisait partit de sa vie, il en avait besoin surtout dans des moments comme ça où la vie ne lui souriait pas. Il eut le temps de descendre quelques vagues avant de voir le visage familier d'Emilie. La jeune fille avait nagé jusqu'à lui pour être avec lui, apprendre à surfer, mais il ne trouva rien de mieux que de l'engueuler. C'était terriblement stupide de nager aussi loin de la côte sans prévenir personne. La petite ne pleura pas, mais presque et lorsqu'ils arrivèrent au niveau du sable, elle partit en courant vers sa mère. Au moins maintenant elle allait avoir une bonne raison pour l'engueuler.
Walter avait l'attitude exacte de ce qu'il avait repoussé en lui ces dernières semaines. Cette méchanceté presque gratuite, cette envie d'hurler et de frapper contre les murs. Retournant auprès de sa famille, il s'installa sur le sable, son tee shirt mouillé lui collait à la peau, ainsi que le sable. Trois des enfants étaient prêts de leur mère, Maya toujours endormie, Logan qui montrait un nouveau coquillage et Emilie qui avait ouvert les vannes et qui pleurait.

« Emilie, arrête de pleurer et va jouer ailleurs avant que je ne t'en colle une ! »

Le papa n'avait jamais levé la main sur ses enfants, juste des fessées et encore... Mais aujourd'hui, s'il voyait encore le regard de sa femme sur lui, si lourd, si antipathique, il craquerait et donnerait une énorme fessée à leur fille. Non pas parce qu'il ne l'aimait pas, mais parce qu'elle prouvait un peu plus à Abi qu'il n'était pas à la hauteur.

« File j'ai dis ! »

Ce genre de sortie, Abigail adore par dessus tout. Mais aujourd'hui c'est différent, parce que son homme n'est plus pareil avec elle. Elle n'est plus pareille avec lui non plus. Leur couple ne ressemble vraiment à un couple et pourtant il s'accroche pour recoller les morceaux quand même. Tout allait bien jusqu'à ce viol et cette grossesse. Aujourd'hui c'était le flou total et le dialogue était rompu alors qu'il ne leur fallait que ça. Mais Walter ne veut pas entendre parler de ce bébé alors la discussion tourne court à chaque fois qu'elle tente une approche. Oh et il refuse tout contact avec elle également. Autant dire qu'elle ne savait pas comment faire pour régler le problème. Elle se sens rejeté et frustrée et une peur la prend à chaque fois qu'il pose le regard sur elle... la peur qu'il la renvoi dans la rue une nouvelle fois.

_ Je me sens bien je te dis, je n'ai pas besoin de me reposer.

Ce n'était pas dit en mal, elle le pensait. Jusqu'à maintenant la grossesse se passait bien. Même les nausées c'était calmé alors qu'elle n'en était qu'à 2 mois. Alors elle se sentait bien. Par contre Walter ne semblait pas le voir. Il était de mauvaise humeur et il partit avec sa planche. Elle le regarda faire sans le retenir. À quoi bon de toute façon. Elle préféra surveiller les petits. D'ailleurs quand elle vit Emily rappliquer en courant vers elle, elle l’accueillit à bras ouvert.

_ Qu'est-ce que t'as mon coeur ?

En bonne maman, elle la garda contre elle en la cajolant un peu. Elle faisait toujours ça quand un des enfants pleurait. Mais Walter intervient, ce qui ne plu pas du tout à la maman poule qui resserra un peu sa princesse dans ses bras.

_ Fermes-là ! Elle n'a rien fait !

Oh ça ne lui arrivait jamais de parler comme ça à son homme. Mais là, il allait trop loin. Emily ne faisait rien de mal.

_ ça suffit on rentre...

la jeune maman se leva, et fit signe aux grands de rappliquer. Elle leur donna des serviettes pour qu'ils s'essuient et elle réveilla Maya en douceur.

Walter en voyait de toutes les couleurs avec sa famille. Il avait beau essayé, ce n'était jamais assez bien aux yeux de sa femme. Elle avait changé. Beaucoup. Parfois il avait l'impression qu'elle le tenait coupable de son agression.
Il s'était énervé sur sa fille parce qu'il avait eu besoin de lâcher toute sa colère sur quelqu'un. Mais aussi parce qu'il avait eu peur en la voyant au large comme ça. Seule. Sans avoir prévenu personne. Elle aurait pu se noyer. Le jeune homme se sentait déjà assez coupable comme sa, Maya était paraplégique à cause de lui, si une autre venait à mourir à cause de lui, il ne se relèverai pas. Seulement la petite aventurière se réfugia dans les bras de sa maman pour se faire consoler et Abi se mit en tête d'enterrer son mari vivant. Elle l'assomma d'une phrase qui le laissa sans voie assez longtemps pour qu'elle se mette à préparer les enfants pour rentrer.

« Je vais aller travailler. »

Il n'avait rien à dire pour sa défense et de toute façon, un peu plus d'argent ne leur ferait pas de mal. Car entre l'accident de Maya et la grossesse d'Abi, les frais médicaux allaient être lourds. Il avait vendu son cabinet d'avocat et était juste un petit avocat de pacotille à présent - à ses yeux - dans une firme concentré sur le divorce, il n'aidait personne. Et ses absences à l'université lui avaient valus de perdre deux de ses classes. Il devait donc travailler plus. Beaucoup plus. Il n'était pas rare qu'il ne prenne que le dimanche après midi pour sa famille. Pour les voir et améliorer les relations avec ses enfants. Aujourd'hui, il avait fait l'effort de prendre le jour entier et avait même envisagé de ne pas travailler le lendemain, c'était les vacances après tout. Il regrettait. Se réfugier dans le travail était plus prudent.
Ils étaient prêts à partir et il alla prendre Maya dans ses bras, il la sentait tendue contre lui, une sensation qu'il n'avait plus ressentit depuis quelques semaines. Personne ne l'approchait, l'ambiance glaciale autour de lui était de retour, alors il décida de l'utiliser. Après tout, c'était plus simple avant. Il ordonna à son fils ainé de prendre le parasol, à Emilie de ramasser les jouets et à l'autre jumelle de s'occuper des serviettes. Logan était dans les bras d'Abi avec ses jeux et c'était tout ce qu'il restait de toute façon.
Malgré la foule, ils arrivèrent vite à leur voiture et il installa sa fille après avoir posé sa planche avec délicatesse contre une barrière en bois. Il prit son temps pour bien l'attacher avant de laisser les grands y aller. Puis il ferma les portes et rejoint sa femme à l''arrière du véhicule.

« Si tu veux divorcer tu n'as qu'à me demander de faire les papiers. Mais ne me pourrit pas ! Je n'y suis pour rien si tu es enceinte, en colère. Ma vie est un enfer à cause de toi et de tes enfants ! »

Walter donna un coup sur sa planche qui se cassa immédiatement. Un excès de rage l'avait traversé et il avait préféré briser la planche qui avait accompagné toute son adolescence plutôt que sa femme. Seulement, la colère, la douleur était toujours là.

« J'ai essayé de te rendre heureuse, mais c'est mission impossible. »

L'amour qu'il avait pour sa femme était toujours aussi présent. Il était dingue d'elle, de ce qu'ils avaient fait ensemble, de leurs enfants, mais elle ne voyait que le mal en lui. Il n'acceptait pas le dernier bébé, il était dur et distant, se réfugiait dans le travail, mais qui pouvait le juger ? Beaucoup d'hommes seraient partis avec tout ça, il était resté. Et ce n'est qu'aujourd'hui qu'il parlait - pensait - au divorce, parce qu'il pouvait voir que sa femme se révoltait contre lui. Pour la première fois, elle le remettait à sa place et il n'y avait plus d'amour dans ses yeux. Il s'enferma dans le silence et la regarda durement. Ça le tuait qu'elle puisse penser ça de lui. Qu'elle puisse dire qu'il l'aurait remise sur le trottoir. Il ne l'avait jamais poussé se prostituer, Harry l'avait fait. Pas lui...

« Tu ne te rends même pas compte de ce que tu dis. Tu penses vraiment que je serais resté aussi longtemps avec toi si je ne t'aimais pas un minimum ? Si je ne tenais pas à notre famille ? Tu veux de moi que j'accepte tout et n'importe quoi, que je sois heureux avec tes décisions, que je sois parfait tout le temps avec les enfants. Tu veux juste un autre homme alors trouve toi en un autre, mais arrête de m'utiliser comme défouloir ! »

Le gros dur, arrogant et agressif qu'il était auparavant avait du changer pour plaire à sa belle, mais c'était beaucoup lui demander. Elle ne semblait pas s'en rendre compte et pourtant c'était tout ce qu'il lui demandait. Pas qu'elle le félicite d'être un bon père, mais qu'elle arrête d'être sur son dos dès qu'il faisait un faux pas. Il n'était pas parfait. Il le savait. Pas besoin de lui dire et redire. Elle le rendait malheureux en ce moment, il se cachait dans son boulot, mais ça devenait dur de le cacher à la maison. Surtout avec toutes les critiques qu'elle pouvait lui faire.

« Et oui, ça me dérange de ne pas savoir si ce bébé est de moi, parce que j'aimerai l'aimer, mais que j'en suis incapable pour le moment. »

Le bébé était le grand problème, alors peut être que si Abi avortait le problème serait réglé. Mais il l'imaginait mal faire ça, surtout avec la possibilité que le bébé soit de lui. Il allait peut être devoir changer de comportement avec elle. Parler. Il devait bien avoir un moyen de savoir de qui était le bébé sans avoir à attendre neuf mois.

« Je suis désolé. Désolé de t'avoir forcé à en avoir un sixième ! »

Si elle voulait le faire se sentir coupable, elle y arrivait plus que bien. Il la vit faire le tour de la voiture et s'installer à sa place. Du coup, il profita de ce moment de solitude pour ramasser sa planche brisée et la fixer au toit de la voiture. Puis ce fut à son tour de se mettre derrière le volant et sans attendre il démarra. Le silence était pesant dans la voiture, personne parler, surement trop au courant de la tension qu'il y avait entre leur parent. Walter mit deux fois moins de temps pour rentrer que lorsqu'ils étaient allés à la plage.

« Va leur donner leurs gouters, je vais ranger. »

C'était le meilleur moyen pour qu'ils restent loin l'un de l'autre, mais aussi pour qu'il puisse ranger comme lui le voulait. Le grand brun ne prit pas le temps de s'occuper de ses enfants, il se mit immédiatement à décharger la voiture, en finissant par sa planche cassée. Ça l'embêtait vraiment d'avoir passé ses nerfs sur ça, parce qu'il avait grandi avec, vécu avec...
Walter s'assit dans son débarras ou reposer toutes ses affaires. C'était son endroit à lui, là où les enfants n'avaient pas le droit d'entrer. Même Abi n'y avait encore jamais mit les pieds. Alors lorsque la colère grimpa, il ne se retint plus et balança tout de tous les côtés.

« Jamais ! Jamais elle ne sera contente de ce que tu fais ! »

Son monologue continua pendant qu'il balançait ses affaires, arriva sa planche, il la souleva et la fracassa contre le plan de travail. Encore et encore, jusqu'à ce qu'elle se casse encore plus. Il était fou de rage de ne plus avoir le contrôle sur sa vie. Il savait que s'il voulait que tout s'arrange, il devait accepter le bébé, mais il en était incapable. Comment le pourrait il après l'épisode Harry ?

Walter avait beau s'être défoulé sur ses affaires, il ne se sentait pas plus calme qu'auparavant. Il était fou de rage, de colère, il ne contrôlait plus rien. Il avait pourtant fait beaucoup d'efforts ces derniers temps pour s'améliorer dans ces points là. Ça ne fonctionnait pas. Il avait un caractère fort et le cacher ne voulait pas dire que tous les problèmes étaient résolus. Puis soudainement, alors qu'il n'avait plus rien à balancer, la porte s'ouvrit. C'était Abigaïl. Toute seule. Bien habillée.

« Parler de quoi ? Tu as été très claire. Je ne suis ni un bon père, ni un bon mari et je ne te supportes pas assez dans les temps difficiles. Tu as autres choses à rajouter ? Parce que je suis comme ça depuis presque quarante ans. Je ne pourrais pas changer. »

Le grand brun recula jusqu'au fond de sa petite cabane pour qu'elle puisse entrer sans qu'ils n'aient à être trop proche l'un de l'autre. Ce n'était pas facile d'accepter de lui parler, mais il le devait. Il regarda par terre et sans lui laisser le temps de l’ensevelir sous les reproches, il commença.

« Qu'est ce que tu veux ? Je ne sais pas ce que tu veux, alors dis le moi clairement. Si ce n'est pas le divorce que tu veux, qu'est ce que c'est ? Tu veux que sois heureux pour ce bébé ? Je ne peux pas. Gentil tout le temps ? Ce n'est pas moi... Je. »

Il se rapprocha d'elle, tenta de la toucher. Jusqu'à présent, ils avaient toujours réglé leurs problèmes par le sexe, ce n'était plus une solution. Mais il en avait envie. elle lui reprochait de ne pas être là, là il essayait. Sauf qu'elle ne semblait pas vouloir le laisser faire, alors il recula à nouveau et attrapa un tournevis qu'il utilisa pour occuper ses mains.

« Je devrais aller vivre chez mes parents quelques temps. »

C'était la solution qu'il n'avait pas voulu envisager jusqu'à présent. Mais là, il n'avait plus le choix. Monter à Brisbane, c'était recevoir les reproches de ses parents, mais surtout s'éloigner de ses enfants, abandonner son boulot, arrêter d'essayer...

« Tu pourrais choisir ce que tu veux faire de moi. Me garder, me jeter, c'est ton choix à présent. »

Walter avait fait un pas pour la toucher, il avait pensé qu'avec un contact physique, ils les mettraient en bonne voie, mais il se trompait. Elle crut immédiatement qu'il voulait la mettre dans son lit et le repoussa. Le jeune homme retourna dans son coin et écouta. Sa femme était mal et il le voyait vraiment pour la première fois depuis que le conflit avait commencé. Oh, il savait qu'elle n'allait pas bien avant, mais là, il le voyait vraiment. Elle baissait les yeux et se disait mauvaise dans son rôle de femme, alors qu'il la trouvait toujours aussi... Aussi Abi.

« Tu es la femme que j'aime ! »

Il le cria par dessus ce qu'elle disait sur le bébé, mais il l'entendit quand même.

« Je ne sais juste pas si je suis prêt à prendre le risque de voir l'enfant d'un autre naitre dans notre famille, mais je ne peux pas te demander d'avorter. Ce n'est pas toi. Jamais tu n'aurais penser à avorter si je n'avais pas été sur ton dos. C'est ton enfant avant tout... »

Le jeune homme se laissa glisser le long du mur et se retrouva assit par terre. Il fixait le sol avec attention. Sans savoir quoi dire de plus. Parce que pour être honnête, après avoir avoué ses erreurs, proposer des choses et vu qu'elle souffrait, il n'en menait pas large.

« Ça m'énerve de ne pas être à la hauteur pour toi et les enfants. Quand tu m'as engueulé tout à l'heure sur la plage, ça m'a mit hors de moi parce que... Parce que Maya est paraplégique à cause de moi et qu'Emilie aurait pu se noyer. Elle voulait juste me rejoindre pour venir sur ma planche de surf, mais je ne l'ai pas vu avant qu'elle ne soit vraiment au large. »

Son regard clair partit se ficher dans ceux de sa partenaire et en moins d'une seconde il était debout et plaquait sa femme contre le mur opposé. Ses lèvres sur les siennes avant de la relâcher. Il était lui même surpris par ce qu'il venait de faire.

« Oh mon dieu, je vais... Je suis désolé. Oublie tout ça. Roh mais quel con je suis. »

Se reculant il faillit trébucher et se sentit encore plus maladroit.

« Pourquoi je dois toujours faire ce genre de truc quand je suis avec toi ? »

Walter avait peur de s'attacher à cet enfant et de se rendre compte à la naissance qu'il n'était pas de lui. Mais à l'inverse, la situation lui faisait peur aussi. Parce que s'il loupait la grossesse de sa femme, qu'il ne connectait pas avec son enfant, il avait peur de ne pas réussir. C'était sa dernière chance d'être un bon père. En tout cas, en tant que mari, il enchainait les erreurs. Après l'avoir embrassé, il s'était reculé, mais elle voulait qu'il revienne et il hésita. Il attendit qu'elle le demande une nouvelle fois. Cette fois, il se saisit de la main qu'elle lui tendit et fila pour la prendre dans ses bras. C'était étrange, comme s'il la tenait pour la première fois contre lui.

« Tu es trop maigre. »

Lui murmura-t-il à l'oreille. Il la connaissait par cœur, ses courbes lorsqu'elle était enceinte ou pas. Et là, il pouvait sentir qu'elle était vraiment fine. Sa femme était toujours bien ronde pendant ses grossesses. Elle prenait et il se régalait en lui faisant l'amour du jour ou il l'apprenait jusqu'au jour ou on lui ordonnait d'arrêter. Mais là, il n'avait pas eu cette chance, ça lui manquait, mais pas plus que ça. Leurs problèmes le consumaient trop.

« Ta grossesse se passe bien ? »

Il tentait d'en apprendre un peu plus, parce que jusqu'à présent, il n'avait rien demandé. Il avait même fait comme si elle n'était pas enceinte. A Noël, il avait offert des cadeaux à tout le monde en omettant le bébé, pourtant il avait toujours offert des cadeaux aux fœtus. Il ne changerait pas les choses pour cette année, tant qu'il ne serait pas sur d'être le père de cet enfant, il s'impliquerait un minimum. Pas contre, il avait bien comprit qu'Abi n'était en rien la fautive de l'histoire.

« Tu veux parler du bébé aux enfants ou tu préfères attendre un peu ? »

Le grand brun embrassa le haut de la tête de sa rouquine avant de s'écarter d'elle pour voir son visage. Il la trouvait belle et pendant deux mois, il avait tenté de l'ignorer, il ne l'avait pas regardé.

« Si c'est Harry le papa, tu ne m'en voudras pas de ne pas m'en occuper ? »

Le bébé était au milieu de leur conversation. C'était étrange, parce que jusqu'à présent ils avaient évité le sujet. Ce bébé était leur grand secret... Pas l'envie d'en parler à leurs amis, pas le droit d'en parler à leurs enfants. Walter avait peur de ne pas être à la hauteur pour cet enfant si c'était le sien. Encore plus si c'était celui d'Harry. Abi allait surement mener sa grossesse à terme et un bébé arriverait dans la famille. Un bébé qu'il n'aimait pas pour le moment. Une situation qui pesait sur la rouquine.

« Je ne veux plus entendre parler de ce type ! »

Il lâcha sa belle, parce que ça l'énervait d'entendre ce prénom. Harry. Un homme qui était venu tout gâcher entre lui et sa femme. Alors pour essayer de passer devant cet homme, potentiel père de ce bébé, il alla mettre sa main sur le ventre de sa compagne. Ce n'était pas un sentiment magique comme les autres fois, mais il resta comme ça. Il se faisait violence. Mais rapidement son côté un peu brute se fissura. Son regard se brouilla et il la lâcha sa compagne comme si elle le brulait.

« Je ne peux pas, je suis désolé, je ne peux pas. »

Il lui tourna le dos, se frotta les yeux avant de la regarder à nouveau. Il prit une grande bouffée d'air et cala son regard dans celui de sa belle. Walter reposa sa main sur le ventre d'Abi. Au même endroit et il resta là à la fixer. Encore et encore. Sa respiration était forte. Un peu déstabilisé, il finit par fermer les yeux pour ressentir les choses. Quelque chose de différent que de la douleur et de la trahison. Et d'un coup, il eut un petit frisson.

« Si je suis là à partir de maintenant, ça pourrait peut être mon enfant à moi, plus qu'à lui, non ? Si je fais l'effort d'être père... »

Walter finit par la lâcher et il la prit dans ses bras, il la serra dans ses bras. Elle était le point solide de sa vie, parce que jusqu'à présent, elle avait toujours été là pour lui dans les moments durs. Il avait peur. Peur d'échouer s'il essayait d'être le papa de l'enfant d'un autre.

« C'était ma dernière chance d'être un bon papa. »

L'avortement faisait frissonner l'avocat qui n'aimait pas l'idée de retirer la vie à un enfant aussi petit soit il. Mais là, ils avaient des circonstances atténuantes et il y pensait. Un peu. Parce qu'au fond de lui, il tentait de rassembler toutes ses forces pour se préparer à se battre afin d'être le père de ce bébé. Qu'il soit de lui ou d'Harry. Ce n'était pas à Abi d'avoir le poids de toutes ces décisions sur les épaules. Il devait l'aider et la supporter.

« Retenter, moi j'aimerai bien, mais il y a toujours l'éventualité que l'on n'arrive pas à concevoir comme avec Logan. Je veux que tu sois heureuse Abi. Et si ça veut dire avorter, je serais là pour te tenir la main. Je ne te laisserai pas toute seule. »

Walter regarda ce ventre plat. Dedans il y avait un enfant. Deux chois se proposer à lui. Le garder et vivre avec le fait qu'il pouvait être d'un autre, risquer de ne pas l'aimer autant que les autres. Ou, avorter. Retirer la vie à quelqu'un et prendre le risque de ne jamais avoir de sixième.

« On pourrait adopter. »

Le passé de sa femme n'était dans aucun dossier alors adopter serait une banalité pour eux, facile. Mais c'était si vraiment, en dernier recours. Pour le moment, ils pensaient toujours à l'enfant qui se trouvait dans le ventre de la rouquine. Puis ça le frappa. Il ne pouvait pas la laisser avorter. Pendant des années il avait jugé les femmes qui le faisaient, il leur en avait voulu, alors il ne pouvait pas laisser sa femme faire ça. Il serait là pour elle. Pour le bébé, même si ça devait le forcer à créer des liens qui auraient du se faire naturellement.

« Garde le, il n'a rien fait pour mériter qu'on l'efface de la planète de cette manière. »

Il se baissa et remplaça sa main par son visage. C'était douloureux de faire ça. Il le savait que ça ne changerait pas du jour au lendemain, mais il se forçait.

« Je suis peut être pas ton père, mais va falloir que tu apprennes à être un Andersen. Je suis ton grincheux de père et ta maman est fantastique. On a du mal à savoir si on t'aime ou pas, si on te garde... Un jour, on en parlera tous les deux. Je t'expliquerais et tu comprendras pourquoi ton crétin de père a fait autant souffrir ta maman. »

« Tu es une merveilleuse maman Abi, n'en doute pas ! »

Walter ne supportait pas l'entendre se descendre. Surtout sur sa façon d'être mère. Elle était une très bonne maman et elle devait se le graver une fois pour toute dans le cerveau. Elle avait sur le trottoir, à cause d'un homme qui avait abusé de son pouvoir sur elle, et même pendant cette période, elle avait été une super maman. Une maman comme beaucoup d'enfants rêveraient d'avoir.
Lui par contre, il avait du boulot pour être un super papa. Il enchainait les boulettes, les coups de colères, loupaient des évènements importants, passait son temps au travail. Elle savait tout comme lui qu'il n'était pas le meilleur, mais qu'en même temps, il essayait de l'être. Il faisait de son mieux depuis l'accident de Maya. Et ses enfants le voyaient parce qu'ils étaient plus patients avec lui, ils allaient parfois le voir de leurs pleins grès pour un bisou.
A genoux sur le sol de son débarras, il parlait au bébé. Il faisait toujours ça, et lorsqu'il leva les yeux, il vit ceux de sa compagne. Ça la rendait heureuse de le voir faire ça. Elle se détendait un peu en sentant une vague d'espoir.

« Je ne suis pas sur, mais je vais essayer. Je vais prendre sur moi. »

Il devenait très bon pour prendre sur soit. Mais ça ne le dérangeait plus trop. Cette grossesse par contre, il savait que ça allait être très dur pour lui. Qu'il allait devoir apprendre à montrer des choses qu'il ne ressentait pas forcément sans surjouer pour ne pas le montrer.
Walter mit ses mains sur les mollets de sa compagne et les fit remonter jusqu'à ses hanches, emmenant la robe avec lui. Le lui normal, aurait arraché le string qu'il avait sous les yeux avec les dents, mais il continua de monter jusqu'à découvrir son ventre. Il pouvait voir la légère bosse et il fit courir le bout de son nez sur la petite protubérance. Puis il posa un bisou. Il eut du mal à respirer après ça. C'était intense et il avait besoin de prendre son temps pour y arriver. Il ne fallait pas le presser dans le processus.

« Je voudrais que tu sois une petite fille, une blondinette comme Maya. Je voudrais que tu sois comme ma petite Maya et que tu lui ramènes le sourire. J'ai pas la chance d'avoir ce pouvoir, mais tu l'auras, toutes les femmes Andersen l'ont. Ta maman la première. »

Walter préféra ignorer un peu le fait qu'elle ne voulait pas qu'il se force. Il allait devoir se forcer un peu, sa vie entière se basait sur ça, parce que sinon il ne ferait que ce dont il avait envie. Beaucoup de choses qui déplairaient à sa femme et à ses enfants. Alors oui, il allait devoir se forcer un peu, mais ça allait être pour la bonne cause. D'ailleurs, lorsqu'il se mit à parler à l'enfant et qu'il vit le regard d'Abi, il se sentit mieux. Il pouvait voir qu'elle aussi. Un sentiment similaire à celui de sa femme le traversa. A cet instant, cet enfant était de lui, il en était sur alors il l'embrassa à nouveau avant de lui promettre d'être un bon père. C'est là que sa rouquine lui demanda un baiser. Il se leva et c'est avec beaucoup plus de tendresse qu'il s'approcha d'elle. D'abord il la fit reculer jusqu'à la porte, il l'a bloqua contre celle ci avant de poser ses lèvres contre les siennes. De l'embrasser en laissant ses mains prendre place sur son corps. La robe était retombée, mais il en profita quand même en mettant une main sur sa hanche. L'autre trouva sa place derrière la nuque de la jeune femme et la passion le rattrapa. Une seconde il voulait l'embrasser, l'autre il avait besoin de plus. Un besoin qu'il eut du mal à cacher, à empêcher de se propager. Il envoya donc ses mains à la recherche de l'attache de la robe d'Abi sans lui demander. Il devait se faire du bien. Deux mois que ce n'était plus arrivé et ça devenait dur de tenir. Sauf que lorsqu'il trouva enfin la fermeture, un enfant vers toquer à la porte. C'était Emilie qui avait besoin d'aide pour Maya. La tension entre eux redescendit, mais leurs regards, surtout celui de Walter restait brûlant. Le jeune homme embrassa sa femme une dernière fois avant d'ouvrir la porte. Emilie se figea et commença à partir, mais il l'appela et il vit la petite fille se tendre sous l'ordre un peu sec. Il laissa Abi filer et fit assoir sa fille dans l'herbe. Parler avec elle n'avait jamais été simple, mais il le fit.

« Je suis désolé pour tout à l'heure princesse. J'ai eu peur et tu sais bien que je suis un grand trouillard. Ce n'était pas une excuse valable alors je tenais à m'excuser... Mais si tu veux toujours surfer, on ira un jour, juste nous deux.. »

Walter se leva et mit sa fille sur son épaule, elle n'était plus fuyante parce qu'elle rigolait. Il la déposa une fois à l'intérieur et partit rejoindre Abi et leur petite blondinette.

« Je peux vous aider ? »