Les disputes avaient fini par avoir raison de leur couple. Walter avait reprit un rythme de vie inapproprié pour sa famille, il travaillait du matin au soir et lorsqu'il daignait rentrer le soir à la maison, tout le monde dormait déjà. Il ne faisait plus aucun effort. Surtout avec Neal qui ne lui parlait plus du tout. L'adolescent n'avait pas supporté de voir son père prendre la fuite à nouveau. Les filles avaient un avis plus mitigé... Et Logan restait Logan et ne comprenait pas pourquoi une nouvelle fois son papa et sa maman ne se parlait plus. Ouais ce n'était pas simple chez les Andersen.
Aujourd'hui, pourtant il devait se forcer à se retrouver dans la même pièce que sa femme, car elle avait une écho. Il lui avait promis d'être là tout au long de la grossesse et il le faisait. Implication minimum. Walter refusait de trop s'attacher au triplé, il ne voulait pas tomber de trop haut lorsque sa rouquine les lui retirerai comme les cinq premiers.
Le papa arriva donc à l'heure à l'hôpital et s'assit à côté de sa femme sans dire un mot. La tension était palpable et pourtant ils n'avaient pas échangé un mot depuis plusieurs jours. Et même avec ça, il arrivait à regarder sa montre toute les deux minutes comme s'il allait être en retard à un rendez vous important.

Pfff sont jamais à l'heure dans cet hôpital...

ça faisait maintenant quelques semaines que Walter avait décidé de se « détacher » de la famille. Depuis que Beth, la jeune fille au pair de 18ans était arrivée à la maison, il s'était effacé. Toujours au boulot, il rentre à pas d'heure et passe le plus clair de sont temps à éviter tout le monde. Neal l'évite tout autant et les filles posent des questions de temps à temps. Quant à Abigail, elle ne cherche plus les disputes et le laisse vivre cette grossesse à sa façon. Elle sait bien que ce n'est pas facile pour lui. Le doute de la paternité plane toujours au dessus d'eux. Harry est toujours dans les parages et ils savent tout les deux qu'un jour ou l'autre, il refera surface. Bref, autant dire que l'ambiance à la maison est assez bizarre.

Mais aujourd'hui est un grand jour. Quoi que pas tellement. Des échos, elle en passe tout les 15 jours alors forcément ça devient assez banal. La rouquine angoisse à chaque visite. La peur que l'un des bébés n'aillent pas bien, peur que quelque chose tourne mal. Mais la grossesse avance quand même, tant bien que mal. Certes, elle est très fatiguée, elle est énorme et les bébés ne sont pas bien gros mais elle fait au mieux. Elle en est maintenant à 6mois et elle espère pouvoir les garder bien au chaud encore un bon moment.

Arrivée la première, en prenant un taxi, Abi attendait patiemment dans la salle d'attente quand elle vit son mari arriver. Ils auraient pu arriver ensemble mais monsieur quitte juste son boulot. Il y repartira sûrement dès que ça sera finit. Pas un mot échangé, il ne lui adressa même pas un regard. La rouquin en dit rien, préférant éviter de le froisser. Elle caressait un peu son ventre alors que les triplés semblaient s'agiter un peu. Seulement Walter semblait impatient.

_ Si t'as plus important à faire, vas-y.

Contrairement à lui, elle le regardait. Elle était calme, presque habituée à son comportement. Elle ne voulait pas le retenir. Il viendra à la prochaine écho, à moins que là aussi il a mieux à faire.

Walter avait un agenda très serré, mais pour les échos en général il prenait une demi journée. Là il regardait l'heure en grande partie parce qu'il détestait attendre. Seulement Abi le prit mal et lui lança une pique pour lui faire sentir qu'il était en tort.

Est ce que tu veux que je parte ? Parce que si tu ne veux pas que je les vois, je peux attendre là. Je suis toujours à l'écart de tout de toute façon.

Agacée par sa rouquine et le fait qu'elle ne voit pas ses efforts, il avait répondu un peu sèchement. D'habitude ils ne se parlaient pas avant les échos ou les rdv chez le médecins, ils restaient silencieux pour justement éviter des disputes inutiles.

Abigaïl Andersen

Le gynécologue de sa femme venait de l'appeler et il la laissa se lever en restant greffer à son siège. Elle n'avait pas répondu à sa question et il prenait ça pour un non. Alors pour la première fois de sa vie il allait manquer une écho... Il était vert. Les trois enfants qu'elle portait avait cinquante pour cent d'être de lui et il avait besoin de savoir s'ils allaient bien ou non. Au moins ça...

Abi ?

Cette fois ci son ton était bien différent, il la suppliait presque avec sa voie et son regard. Il ne s'en remettrait pas de manquer un truc aussi important que ça, il était prêt à prendre sur lui pour pouvoir voir cette écho.

Abigail n'en est pas à sa première grossesse mais celle-ci est bien particulière. D'abord par le fait qu'elle ignore qui est le père, puis parce qu'il n'y a pas un ou deux bébés mais bien trois. Et pour finir, c'est sans aucun doute la grossesse où Walter est le plus absent. D'ordinaire, il est à ses petits soins, il parle à son ventre, prend le temps de la masser et de tout préparer pour l'arriver du bébé. Ils parlent prénoms aussi, là ce n'est pas encore fait, bien que la rouquine a quelques idées qui lui viennent en tête.
Dire que cette grossesse était l'idée de Walter. Un petit sixième, elle y avait renoncé étant donné qu'elle s'en sortait à peine avec les cinq premiers. Surtout depuis l'accident de Maya. Mais Walter lui a tellement dit qu'il serait présent, que ça serait sa dernière chance d'être un bon père que finalement, il avait réussit à la convaincre. Aujourd'hui elle se retrouve enceinte de triplés et paniquée à l'idée de ne pas y arriver. Il y a Beth, c'est vrai, mais la rouquine n'a pas encore totalement accepté le fait qu'elle ait besoin d'aide. Son rôle de super maman en prend un coup. C'est un peu comme si elle n'était pas assez qualifiée pour tout gérer toute seule.

C'est la tête remplie de doutes et d'angoisses qu'elle attends patiemment dans la salle d'attente de son gynécologue. C'est dingue le temps qu'elle peut passer ici ces derniers temps. Elle a peur mais elle ne peut pas se confier à son mari. Leur relation est vraiment bizarre en ce moment. D'ailleurs ça fait plus d'un moins qu'il ne la touche plus. C'est à se demander s'ils sont encore un couple.

Même aujourd'hui il semblait plus attiré par sa montre qu'autre chose. À croire qu'il avait vraiment mieux à faire. Abi ne se gêna pas pour lui en faire la remarque. Il faut dire qu'il l'agaçait à s'agiter sur sa chaise depuis dix minutes. Mais évidemment il ne se priva pas de lui répondre, assez sèchement. Étant donné qu'ils n'étaient pas seuls dans la salle d'attente, elle préféra s'abstenir de répondre. Elle n'avait aucune envie de se faire remarquer, même si c'était déjà fait.

Quand le médecin l'appela, la rouquine se leva aussi vite qu'elle le put... autrement dit à la vitesse d'un escargot, puis elle fit quelques pas avant de se retourner vers son homme qui avait totalement changé de ton. Elle le regarda puis elle fit un geste envers lui. Elle lui tendit une main. À voir s'il accepterait ce contact. C'était quand même l'autorisé à venir. De toute ses grossesse, il n'a jamais raté une échographie, elle n'avait pas envie de vivre ça toute seule. Elle avait besoin de lui.

(je te laisse faire le doc ? j'avoue je suis pas encore calé en gynéco lol, je sais pas trop ce qui peut se passer pour une grossesse de triplés)

Walter se savait stupide. Il avait ce que beaucoup d'homme aurait rêvé d'avoir. Une femme super et des enfants à croquer. Bientôt trois de plus. Mais il se plaignait et n'arrivait pas à être à la hauteur pour eux pour la simple et bonne raison qu'il ne faisait pas les efforts pour. Il avait essayé pendant un temps, mais ça avait été un échec. Pour lui. Pas pour les enfants qui avaient pu profiter d'un vrai papa le temps de quelques mois. L'avocat avait mal vécu les réprimandes de sa femme à longueur de journée, à croire qu'elle ne voyait pas les efforts qu'il faisait pour eux. Alors il avait tout cessé pour se consacrer à son travail. Ramener toujours plus d'argent à la maison et essayer de pouvoir satisfaire les désirs de tout le monde grâce à son porte monnaie.
Aujourd'hui encore, il avait l'impression d'être un boulet. En quelques minutes à peine il s'était attiré les foudres de sa femme et tout le monde le regardait comme s'il était un monstre. Il l'était un peu au fond... Ben oui parler aussi durement à une femme enceinte c'était pas bien. Seulement il ne pouvait pas louper l'écho, alors c'est d'une voie plaintive qu'il supplia sa femme pour qu'elle le laisse venir. On aurait dit un chiot revenant avec la queue entre les pattes. La main qu'elle lui tendit disait tout et il se leva d'un bond pour aller l'attraper. Sans réfléchir. Elle était sa femme après tout...
Le futur papa était silencieux, il serrait fort la main de sa femme, se foutant bien que la sienne soit moite. Il était stressé, même s'il ne le montrait pas forcément. Impuissant, il ne pouvait rien faire lorsque ça n'allait pas pour sa belle et les bébés. Fin d'après le médecin, Abi s'en sortait plutôt bien pour une grossesse triple. Pas trop de tension, pas trop de diabète et même un poids raisonnable. Mais pour ce dernier point il le savait, il la comparait avec la grossesse des jumelles et elle était à peu de chose pareille. Toujours aussi belle.
Le médecin invita Abi à s'installer sur la table d'écho et lorsqu'elle remonta son haut pour découvrir son ventre, Walter se retrouva hypnotisé. Ce n'était qu'un peu de peau, mais c'était celle de sa femme, celle là même qu'il n'avait plus eu le droit d'approcher depuis des semaines. Alors à chaque écho il était sous le charme. Yep d'un bout de ventre. Puis il y avait aussi le fait que c'était la maison de ses enfants. Des petits avec qui il n'avait plus parlé depuis un moment, ni même touché et ça lui manquait. Surtout lorsqu'il voyait ce beau ventre rond bouger tout seul. Il regardait plus le ventre d'Abi que l'écran.

Est ce que tout va bien ?

Demanda-t-il au docteur qui leur expliquait rapidement les différentes parties du corps du premier bébé. Pour Walter s'était du chinois, il voulait juste des réponses simples.

Il bouge.

Dit il en plantant sa main sur le ventre d'Abi. Il se foutait du gel, c'était un geste spontané. Puis ça ne semblait pas déranger le gynécologue qui travaillait de l'autre côté du ventre de la rouquine.

Abigail a toujours aimé se retrouver enceinte. Elle aime sentir la vie en elle et puis le regard de son homme change toujours en voyant son corps s'arrondir. Il le lui a souvent dit, il aime ses rondeurs de femme enceinte. Cela dit, ce qui devait être leur dernière grossesse, leur dernière fois pour être exacte, eh bien rien ne se passait comme prévu. C'est la grossesse la plus difficile pour la rouquine. Attendre trois bébés n'est pas de tout repos. Même si elle arrive à plus ou moins bien gérer son poids, son diabète et sa tension, elle n'en reste pas moins épuisée en permanence. Et puis avoir trois bébé après cinq premiers, ça fou la trouille. Et le pire dans tout ça c'est l'éloignement de Walter, le fait qu'elle ne peut pas lui parler de ses doutes et ses craintes. Elle garde tout pour elle et ça ne fait que l'angoisser un peu plus chaque jour.
Elle en vient à penser parfois qu'il reste parce qu'elle est enceinte et qu'à la minute même où elle aura accouchée, il partira. Se retrouver toute seule, avec huit enfants à charge et sans emploi, c'est vraiment une angoisse pour elle. Walter c'est toute sa vie. Avec les enfants, certes, mais ils sont là grâce à lui. C'est l'amour de sa vie... même si aujourd'hui leur relation ne ressemble plus à rien.

L'ambiance était bizarre dans la salle d'attente. Abi avait une petite remarque et son homme s'était emporté. Évidemment il n'en fallait pas plus pour que tout le monde les regarde bizarrement. La rouquine préféra se taire et puis de toute façon c'était à son tour alors elle se leva. Cela dit, le ton suppliant de son homme la fit totalement craquer. Elle ne dit rien, mais lui tendit une main. Elle fut ravie de le voir se précipiter dessus. Elle resserra ses doigts autour des siens puis ils purent entrer dans la salle d'échographie.

Installée sur la table, elle remonta son tee-shirt sans trop faire attention au fait que Walter restait bloqué sur cette vue. Abi était plutôt concentré sur les dires du médecin. Elle s'inquiétait pour les bébés alors elle fixait cet écran, toute émue. Pourtant elle les voit tout les 15 jours, elle devrait y être habituée. Elle tourna quand même son regard vers Walter quand il demanda directement si tout allait bien. Avide de savoir elle aussi, elle regarda le médecin qui leur dit prudemment qu'à ce stade de la grossesse, ce bébé est un peu en dessus des normes mais que c'est normal pour ce genre de grossesse. Autant dire qu'elle ne savait pas si c'était un oui ou un non. Toujours inquiète, elle eut quand même un sourire en sentant la main de son homme venir se loger sur son ventre. Elle lui offrit un regard et porta sa main sur la sienne.

_ C'est toujours de ce coté là que ça bouge le plus.

À croire qu'un des bébés était bien plus énergique que les autres. Quoi qu'il en soit le médecin passa au second bébé. Il redemanda quand même précision en demandant s'ils voulaient savoir le sexe des bébés. Jusqu'à aujourd'hui, ils avaient dit non, mais autant vérifier s'ils n'ont pas changé d'avis.

_ Non, on ne veut pas savoir.

Ils ont déjà filles et garçons alors peut importe le sexe des bébés, ils seront heureux. En tout cas, abi était heureuse là, son homme était près d'elle et rassurant.

Walter avait beau avoir assisté à beaucoup d'échographies dans sa vie, il ne comprenait toujours rien au jargon médical. Et surtout il avait tendance à s'enfermer dans le silence lorsqu'un médecin leur annonçait des mauvaises nouvelles, un peu comme ce petit bébé qui semblait être sous la courbe de croissance normale. Il s'y attendait, mais ne voulait pas l'entendre pour autant. Car malgré le fait qu'il soit si distant avec ces trois petits, il ne se voyait pas en perdre un. Surtout pas en ce moment alors qu'il était en si mauvais terme avec sa femme. Sans elle, il n'était pas si fort que ça. Il était même faible en fait.
L'avocat avait posé sa main sur le ventre d'Abi en le voyant bouger et c'est vrai qu'un des bébés faisait un sacré remue ménage à l'intérieur. D'après la rouquine c'était toujours le cas, mais il aurait été incapable de confirmer. Il ne l'avait plus touché depuis des semaines... Et ce n'était pas tant le sexe qui lui manquait, sa libido était tout en bas, mais les petits instants simples comme celui là qui lui faisaient ressentir des choses au plus profond de son être.

Je devrais savoir ça...

Souffla-t-il tout bas en reprenant sa main. Il ne lui en voulait pas de ne pas partager ce genre de détail avec lui, il n'était pas des plus doux lorsqu'ils se retrouvaient ensemble. Elle souffrait surement plus que lui de la situation, car elle vivait au quotidien avec les trois bébés dans son ventre.
Le médecin leur demanda s'ils voulaient savoir le sexe et Abi répondit que non, mais il voulait savoir. Depuis des semaines. Sauf qu'il n'osait pas s'imposer et qu'encore une fois il s'écrasa. Si elle ne voulait pas savoir c'était qu'elle avait une bonne raison, lui n'était pas aussi patient qu'elle.

Tu es sure ?

Tenta-t-il pour la faire changer d'avis. Il n'était lui même pas certain de vouloir lui imposer ça. Ce n'était qu'une question. Sans importance. De toutes façons ils avaient déjà beaucoup de choses pour ces petits, que se soient des filles ou des garçons.
Le médecin s'attardait sur le deuxième bébé et ne dit rien avant de passer au troisième. Mais Walter sentait que quelque chose clochait. Il aurait demandé si Abi avait vu la réaction du médecin, mais là elle semblait calme. Semblait enfin détendue et heureuse et il ne voulait pas gâcher ça.

Celui là te ressemble...

Sentir la main de son homme sur sa peau a toujours eut quelque chose de magique. Abi se sens en sécurité dans ses bras, un peu comme si rien ne pourrait jamais lui arriver. Mais ça fait plus d'un mois qu'elle ne sens plus sa peau contre la sienne et ça lui manque. Elle en avait besoin, d'autant plus qu'elle était enceinte et qu'elle avait la trouille. Mais même là, il se détacha rapidement. Elle n'aurait peut-être pas du poser sa main sur la sienne. C'est sans doute ce qui l'avait fait fuir. Ou alors elle n'aurait pas du lui dire que ce bébé était toujours agité. Elle regarda son homme reprendre de la distance et elle en perdit son sourire. Tout était toujours de courte durée avec lui, sauf ses sautes d'humeur.

Elle préféra ne rien dire devant le médecin. Celui-ci était à présent entrain de regarder le deuxième bébé tout en demandant pour les sexes. Abi ne pensait pas ça important de savoir. Même si parfois l'envie était présente. Cela dit, là, elle regarda son mari qui ne semblait pas du même avis qu'elle. Pourtant elle aurait cru qu'il serait de même avis.

_ Je... je croyais que tu ne voulais pas savoir. On peut si tu veux.

Elle était tellement entrain de regarder son homme qu'elle ne fit pas attention au fait que le médecin passa au troisième bébé sans en dire davantage. Cela dit, elle demandera plus tard, c'est évident. Elle regarda de nouveau l'écran quand Walter lui fit une remarque qui la fit rire. Un vrai petit rire joyeux comme elle n'avait plus depuis quelques semaines.

_ On voit quasiment rien !

C'est fou ce qu'il peut dire comme connerie. C'est pourtant lui le premier à dire qu'on ne voit rien sur ces fichus échos. En tout cas, il arrivait encore à la faire rire, ce n'est pas rien.

On en discutera et on verra la prochaine fois si tu veux.

Ça faisait très longtemps qu'il ne lui avait plus proposé de parler, juste tous les deux. Ce n'était pas un effort pourtant, il en avait vraiment envie. En fait il avait envie d'être avec elle tous les jours, sauf qu’aujourd’hui il montrait une face plus sensible de lui. Il s'ouvrait enfin un peu.
Walter tenta la gentille remarque du 'il te ressemble' ce qui était peut être vrai, lui ne voyait rien du tout... Jamais il n'avait su lire une écho. Et celle ci ne changeait en rien des autres, même s'il était clair qu'on voyait beaucoup plus de choses aujourd'hui qu'à l'époque de Neal. Puis de toute façon il n'allait pas dire qu'un des bébé lui ressemblait à lui, car ce n'était peut être pas les siens.
C'était une chose qui lui foutait la trouille. Que les bébés ne soient pas de lui et qu'elle refuse qu'il n'entre en contact avec eux si leur relation ne s'améliorait pas. Il les aimait, il se souvenait encore lorsqu'il avait la chance de parler à ce ventre rond qu'il aimait tant. Avec un des bébés qu'il avait baptisé Lulu... Sa petite Lulu. Tout d'un coup ce fut trop pour lui et il se retrouva avec des larmes dans les yeux. Un trop plein d'émotions qui le submergeait.

Je suis désolé. C'est de les voir qui...

Walter se sentait obligé de s'excuser, de se trouver une excuse pour ce moment de faiblesse qui ne lui ressemblait pas du tout. En général, il était même plutôt dur. A dire des conneries parfois blessantes pour ne pas montrer tout ça.

Lorsqu'elle attendait Logan, Walter ne voulait pas savoir le sexe. Abi avait du batailler longtemps pour réussir à lui faire changer d'avis. Alors aujourd'hui, elle voulait garder le secret pour lui. Elle pensait que c'était ce qu'il voulait. Mais apparemment pas du tout puisqu'il lui demandait si elle en était sure. Elle le regarda, esquissant un sourire quand il lui proposa d'en discuter. Ça faisait bien longtemps qu'ils ne s'étaient pas retrouvé rien que tout les deux pour discuter. Elle en était contente.

_ D'accord, on fait comme ça.

Elle repartit ensuite dans la contemplation de leurs bébés jusqu'à ce que Walter se mette à faire une comparaison qui la fit rire. Elle sait mieux que personne qu'il n'y comprend rien à tout ce qu'il voit alors forcément elle ne pouvait qu'en rire. Finalement cette écho n'était pas comme toutes les autres. Ce fut encore plus troublant quand elle vit son homme au bord des larmes entrain de s'excuser. C'était tellement touchant qu'elle n'avait qu'une envie, le prendre dans ses bras pour le rassurer. Et puis ça lui faisait plaisir de le voir si ému. Elle porta une main à la joue de son homme pour une douce caresse et un tendre sourire.

_ Ne t'excuses pas.

Il était adorable tout à coup. Ça pourrait être déstabilisant mais au contraire, elle était heureuse de le voir comme ça. Ça prouvait qu'il les aimait déjà ses trois bébés. Même s'il ne sait pas s'il est vraiment le père. Le médecin avait maintenant finit avec le troisième bébé. Il les rassura d'ailleurs en leur disant qu'il allait parfaitement bien. Mais c'est là que la rouquine se tourna vers lui.

_ Et le deuxième bébé, vous n'avez rien dit, comment va t'il ?

Quand Abi vint poser sa main sur sa joue, il releva les yeux sur elle et une larme s'échappa avant de dévaler sa joue. Sa famille lui manquait plus qu'il ne le laissait entendre. C'était dur. Même pour lui avec sa carapace épaisse. Le jeune homme se redressa sur son tabouret et se rapprocha un peu de sa femme pour mieux voir l'écran et observa en silence la fin de l'écho. Seulement sa femme finit par poser la question qui le rongeait depuis quelques minutes, mais le médecin s'empressa de les rassurer. Le bébé 2 était le bébé qui allait le mieux, le plus gros, le plus actif, mais le moins bien placé pour avoir de jolies images. Ce fut un énorme soulagement pour le papa qui laissa ses épaules retomber.

C'est bien ça... C'est que tout va bien et que tout ira bien jusqu'au bout.

Dit il à voie haute pour se rassurer. Il ne devait pas avoir peur parce que sinon ses craintes iraient droit vers sa femme. Elle avait assez à penser.
Comme le médecin avait retiré la sonde, Walter débarbouilla le ventre de sa femme avant de l'aider à se redresser. Abi avait beau être une femme forte, il voyait à quel point cette grossesse lui pesait. Déjà. Et il lui en restait des semaines avant d'accoucher. Les bébés avaient besoin de rester au chaud aussi longtemps que possible, bien que pour le moment le médecin visait les 33SA. Une éternité ceci dit.
La fin de l'entretien fut un récapitulatif de tout comme toujours et ils se retrouvèrent vite devant l'hôpital. Walter ne savait pas s'il pouvait faire un pas vers elle maintenant. Il se lança alors qu'elle levait la main pour stopper un taxi.

Tu veux venir avec moi ? On peut aller manger un morceau et rentrer après...

Walter est un homme fort. Un dur, un vrai mec viril. Abi pouvait compter sur les doigts de ses mains les fois où elle a vu sa carapace se briser. Aujourd'hui c'était le cas. Elle essuya elle même la larme qui dévalait sa joue. Elle a toujours été là pour lui et ça ne changera jamais. Il est tout pour elle. Et puis le voir comme ça c'était hyper touchant. Elle adorait ça.
Ils regardèrent ensuite le restant de l'écho puis elle demanda après le deuxième bébé. Elle fut rassurée de savoir qu'il allait parfaitement bien. Encore une fois, elle pourra sortir de là en étant rassurée. Plus ça avance, plus elle angoisse. Il faut dire aussi qu'il y a de grandes chances pour que tout se termine par une césarienne, chose qu'elle n'a jamais eut jusqu'à maintenant. Ça lui fait un peu peur tout ça.

Abi put ensuite se rhabiller convenablement. Elle remercia Walter lorsqu'il essuya son ventre et qu'il l'aida à se redresser et descendre de la table. Ce n'était pas évident avec son ventre énorme. Elle écouta ensuite le résumé du médecin et ses recommandations qui lui réclame toujours un peu plus de repos. Puis elle put sortir avec son homme. Pas main dans la main, c'était plutôt cote à cote mais avec un espace bien défini. Bref, c'était maladroit et tendu entre eux. Moins qu'à leur arrivée cela dit. Elle appela quand même un taxi. Après tout c'est comme ça qu'elle était venue. Elle se retourna quand même vers son homme quand il lui fit une proposition. Elle en fut surprise mais elle esquissa un léger sourire.

_ Pourquoi pas...

Beth est là pour les enfants de toute façon alors rien ne pressait. Elle se dirigea alors avec lui jusqu'à sa voiture.

Walter n'avait pas envie de repartir de son côté sans elle cette fois. Il était enfin prêt à lui parler, à faire un geste vers elle pour essayer d'arranger les choses. La tempête n'était pas finie, mais le plus gros était passé. Du moins il l'espérait. Vivre sans elle devenait impossible.

Se ne sera pas long... tu es fatiguée.

Lui promit il. Mais le simple fait qu'elle ai dit oui le rendait heureux. Un vrai gamin devant un paquet de bonbon. Bon ce n'était pas encore ça, il n'y avait aucun contact physique entre eux, mais ils avançaient. Ils arrivèrent devant la voiture de fonction de Walter et il vit tout de suite que ça allait être un défi pour Abi de s'installer dedans. C'était une voiture de sport très basse, presque aussi basse que le sol. Alors il lui ouvrit la portière et l'aida à s'assoir dans le siège qui était à son tour peu adapté à la corpulence d'une femme enceinte.

Je suis désolé, j'aurais du penser que cette voiture n'irait pas avec ... avec ta grossesse.

Comme avec une enfant, il l'aida à s'installer, puis il lui mit sa ceinture en prenant soin de faire attention à son ventre. Il était aux petits soins pour elle, il ne voulait pas qu'il lui arrive quelque chose de malheureux. Surtout pas le jour où il se décidait enfin à faire des efforts.

Tu veux aller quelques parts ou je choisis ?

Il avait en tête cet hôtel de luxe prêt de l'opéra. Il y avait mangé quelques fois pour des repas d'affaires, mais savait qu'il y avait aussi un salon de thé ouvert entre le service du midi et celui du soir. Après il avait un peu peur qu'en proposant d'aller à l'hôtel à Abi, elle le prenne mal. Qu'elle interprète ça comme une proposition pour coucher, plutôt que pour se retrouver alors qu'il n'avait aucunement l'intention de lui faire l'amour. Fin pas tant qu'elle ne serait pas prête, parce que ce n'était pas l'envie qui manquait. Rien que d'y penser il se retrouva avec une érection, mais celle ci était dissimulé par le peu de luminosité dans l’habitacle de son véhicule.

Prendre un taxi alors que son mari est près d'elle, c'est très bizarre. Pourtant elle en avait prit l'habitude. Il ne voulait pas passer de temps avec elle, il l'évitait comme la peste et honnêtement elle ne savait pas trop pourquoi. Leur couple a de sérieux problèmes alors quand il lui proposa d'aller manger un morceau et rentrer ensemble, elle ne pouvait pas refuser. C'était l'occasion rêvée pour essayer de lui parler. Au calme, sans les enfants pour venir les déranger.

_ ça ira...

Jouer à la forte, elle sait aussi bien le faire que lui. Sauf que la fatigue se lisait souvent sur son visage. Cette grossesse l'épuisait de jour en jour. Elle le suivit jusqu'à sa voiture et en arrivant devant, elle regretta presque d'avoir accepté. Quelle idée d'avoir une voiture aussi basse ? Ce truc ne sert à rien si ce n'est craner devant les nanas. Cela dit elle ne dit rien et monta tant bien que mal. Heureusement qu'il était là pour l'aider. Quoi que le plus dur sera sûrement d'en sortir.

_ Cette voiture n'est pas faite pour une femme, enceinte ou pas.

Elle plaisantait un peu. C'est vrai qu'une femme en jupe qui monte dans ce genre de truc, c'est évident qu'elle ne pourra pas cacher se qu'elle porte en dessous. Bref, elle arriva quand même à être installée. Bon faut admettre qu'une fois dedans, on y est très bien.

_ Choisis.

Elle lui offrit un sourire. Les surprises, elle aime ça, il le sait. Et puis là, elle n'avait pas spécialement faim alors elle n'avait pas d'envie particulière. Autant le laisser choisir. Elle reporta ensuite son regard vers la route, ne remarquant pas du tout l'état d'excitation de son homme. Quelques minutes après, il s'arrêta dans le parking d'un grand hôtel. Abi ne le remarqua que lorsqu'elle fut sortit de la voiture, non sans mal. Elle regarda un peu le bâtiment avant de reprendre un peu hésitante.

_ Walter... c'est un hôtel, pas un restaurant...

à quoi il jouait là ? Il lui dit vouloir parler, puis il l'invite à manger un morceau et finalement ils se retrouvent devant un hôtel. Elle n'y comprenait plus rien.

Abi plaisantait, elle se détendait et redevenait la femme qu'il aimait. Il n'en fallait pas plus pour qu'il en fasse de même et soin plus serein. Walter la conduisit jusqu'à l'hôtel qu'il connaissait bien, mais elle ne le remarqua pas avant d'être sortie de la voiture, non sans mal.

Ce n'est pas ce que tu crois. Je viens souvent ici et... Je viens souvent ici avec des collègues, pas avec des femmes. Je suis fidèle. Je le serais toujours. Je ne t'ai pas amené là pour...

Il s'embrouillait et plutôt que de continuer plus longtemps à s'enfoncer, il attrapa la main de sa femme pour l'entrainer à l'intérieur du bâtiment luxueux. Le chemin il le connaissait alors il l'emmena immédiatement vers une petite réception à l'écart du hall où il demanda une table pour deux. L'hôtesse d'accueil les amena à leur table et c'est à ce moment qu'il décida de s'expliquer un peu mieux.

J'ai envie de faire l'amour. Et oui j'aurais pu t'emmener là pour ça. Mais on n'est plus vraiment ensemble alors je m'abstiens. Je ne pense pas que je pourrais faire l'amour à une autre femme que toi.

Ca disait tout. Il l'attendrait. Il allait réparer toutes les bêtises qu'il avait fait et il la séduirait à nouveau jusqu'à ce qu'elle soit sous son charme. Il était prêt à attendre le temps qu'il faudrait. Cette écho lui avait fait réalisé qu'il avait besoin de sa famille.

Je veux être une famille à nouveau.

Abigail mit au moins trois bonne minutes avant de pouvoir sortir de cette fichue voiture. Et avec l'aide de Walter en plus. Pire qu'une petite vieille. Mais bon, il aurait une voiture normale aussi, ça lui causerait moins de problèmes. Cela dit elle oublia vite la voiture quand elle vit l'endroit. Ce bâtiment était magnifique mais ce n'était pas un restaurant. C'était un hôtel. Abi connaît bien ce genre d'endroit. Quoi que ses passes se faisaient dans des hôtels bien plus miteux, pas dans un truc aussi luxueux. Elle se permit de faire une remarque à son homme puis elle quitta le bâtiment du regard pour regarder son mari quand il lui avoua venir souvent ici. Ça veut dire quoi ça ? Qu'il vient souvent se taper d'autres femmes dans de belles chambres luxueuses ? C'est pour ça qu'il passe plus de temps au boulot qu'à la maison ?

Toutes ses questions s'envolèrent quand il la rassura directement. Walter avait du lire dans son regard. Après autant de temps ensemble, il n'est plus toujours nécessaire de parler pour se comprendre. Elle ne dit rien et resserra sa main sur la sienne en le suivant. Arrivée à l'intérieur, elle remarqua qu'il connaissait bien les lieux. Elle se laissa guider en regardant un peu partout. Tout était magnifique ici.

Ils se retrouvèrent attablés à une petite table tranquille et là, Walter reprit. Oui enfin, elle ne s'attendait pas à entendre « j'ai envie de faire l'amour ». c'était très bizarre de l'entendre dire ça alors qu'il était odieux avec elle depuis des semaines. Il doit être en manque, c'est sans doute pour ça qu'il fait des efforts aujourd'hui.

_ Tu ne penses pas ?

Il lui parlait de sexe, puis d'autres femmes. Elle ne savait pas comment prendre tout ça. Il y a un mois de ça, il lui parlait de divorce. C'était beaucoup de chose qu'elle n'avait pas encaissée. Et voilà qu'il lui parle de famille.

_ Je comprends pas ce que tu veux Walter. Est-ce que tu veux rester avec moi ou alors c'est simplement le fait que tu n'arrives pas à aller avec une autre femme... est-ce que tu as essayé ?

S'il lui dit ne pas y arriver, c'est bien qu'il a tenté, non ? Elle avait bien le droit de savoir ce qu'il avait fait durant ce mois d'éloignement. Après tout ce qu'elle lui avait fait vivre, elle ne pourrait pas lui en vouloir de toute façon .

Malgré son boulot d'avocat, Walter avait bien du mal à s'exprimer lorsqu'il s'agissait de son couple. Alors ce n'était pas étonnant qu'une fois encore il ai réussit à amener de la tension entre eux. Il était dégouté parce qu'il avait emmené sa femme ici dans le but d'avoir une discussion posée pour peut être retrouver un semblant de famille. Il foutait tout en l'air, comme d'habitude.

Je n'ai pas envie d'essayer ! Je n'ai pas envie même si sa t'emmerdes de m'avoir sur le dos. A une époque c'est ce que tu voulais passer ta vie avec moi.

Le ton de sa voie était dur, mais il gardait le niveau très bas. Il ne voulait pas attirer l'attention sur eux comme à l'hôpital. Mais en même temps il ne la regardait pas. Il avait trop peur d'elle, de ce qu'elle pourrait faire ou dire.
La serveuse arriva et il commanda un café après avoir laissé sa femme dire ce qu'elle voulait. Et de là, plus un mot ne s'échangea. Lui qui était si sur que venir ici était une bonne idée, il commençait à déchanter. Et rapidement.

De toute façon c'est toi qui décide... J'ai beau te menacer de divorce j'en suis incapable. Je suis pas foutu de penser à une autre que toi, puis on a construit une famille. J'ai beau être un loupé, j'aime nos enfants.

Walter avait toujours l'impression de dire la même chose lorsqu'ils avaient ce genre de conversation, mais ça ne changeait jamais rien. Le couple qu'il formait avec Abi ne semblait plus fonctionner, malgré tout leurs efforts.

Tu veux que j'arrête d'essayer ? Je peux te laisser passer à autre chose si c'est ce dont tu as besoin, mais même si je fais ça j'aurais besoin des enfants. Je suis pas un bon père, mais ils restent ma fierté.

C'est vrai qu'en vrai il n'assurait pas, mais quand il parlait de ses enfants au boulot, on pouvait voir des étoiles dans ses yeux. Il était fier de chacun d'entre eux et aurait pu déplacer la lune pour ses petits.

Cet hôtel était vraiment merveilleux. Allez ici pour une saint-Valentin serait l'idéal, mais là ils étaient loin d'y être. Et puis avec trois bébés en plus, c'est à voir s'ils auront encore le temps de fêter quelque chose rien qu'à deux. Ça sera sûrement difficile de s'accorder une soirée en tête à tête. Et puis ça ne semblait plus d'actualité tout ça. Abi le regardait contrairement à lui. Elle cherchait à comprendre où il voulait en venir. Il n'arrêtait pas de lui parler d'autres femmes alors elle se posait des questions, c'était tout naturel. Seulement ça semblait l'énerver.

_ Je n'ai jamais dis que ce n'était plus ce que je voulais.

Elle dut s'arrêter puisque la serveuse arriva vers eux. Elle commanda un jus de fruit puis regarda Walter alors que le silence recommençait entre eux. Et puis quand enfin il se remit à parler, c'était encore pour se dévaloriser. Elle n'en pouvait plus de le voir parler de lui comme ça. Elle n'arrêtait pas de le regarder et finalement elle craqua et lui sortit ce qu'elle avait sur le cœur.

_ C'est ça le problème Walter. Tu voudrais que je te dise de partir parce que t'as pas les couilles de le faire toi même. Compte pas sur moi pour ça parce que ce n'est pas moi qui te repousse. C'est toi qui ne veut plus de moi, pas l'inverse. La preuve, tu me parles des enfants, pas de moi.

Elle lâcha un soupir pour se calmer et éviter d'attirer l'attention sur eux. Ce n'était peut-être pas une bonne idée de régler leur compte ici.

Abi était de plus en plus tranchante avec lui. Elle ne l'aurait jamais été avant, mais maintenant elle semblait y prendre du plaisir. Alors plutôt que de répliquer, de s'énerver, il se faisait aussi petit que possible pour ne plus qu'on le voit. Au final les rôles s'étaient échangés.

Parce que c'est dur de voir un regard vide quand je te dis que je t'aime.

Avoua-t-il bien content de voir son café arriver devant lui. Sa lui occupait les mains et l'esprit. Il regardait le liquide noir au lieu de la regarder elle et c'était mieux. Mais il savait qu'elle n'allait pas tarder à répliquer, rajouter une couche alors il se préparait. La situation était désagréable et malgré la grossesse, il savait que ce côté méchant qu'avait développé Abi n'avait rien à voir avec les hormones. Harry l'avait rendu comme ça. Il lui avait volé sa femme pour lui rendre cette version qu'il n'arrivait pas à ré-apprivoiser.

T'as tellement changé que je ne sais plus comment faire. La Abi que j'ai rencontré elle était heureuse, pas celle que j'ai sous les yeux aujourd'hui. Et celle d'avant, quand je la voyais triste, je savais exactement quoi faire... Je savais quoi dire pour la faire sourire. Et va pas t'énerver en me disant que la Abi d'avant elle n'existe plus et que je vais devoir m'y faire, parce que je sais qu'elle est toujours là et que je finirais par la retrouver. J'ai envie de finir ma vie avec elle, pas avec toi.

Abigail se faisait parfois dure. Elle n'était pas comme ça avant mais elle ne s'en rendait pas vraiment compte. C'était peut-être une façon de se protéger. Quoi qu'il en soit, elle lui fit bien comprendre qu'elle ne le quitterait pas, contrairement à ce qu'il espère depuis des semaines. Ce n'est pas elle qui demandera le divorce. Tout simplement parce qu'elle l'aime et qu'elle ne voit pas sa vie sans lui. Mais bizarrement elle ne comprend pas que lui puisse encore vouloir d'elle.

_ Tu ne me le dis plus.

C'est vrai que c'était beaucoup plus rare. Mais il lui disait quand même, de temps en temps. Elle se retrouva avec son verre entre ses mains. Étrangement elle aurait donné n'importe quoi pour un verre de vin. Ce n'est pourtant pas dans ses habitudes de boire, Walter n'a jamais aimé la voir avec de l'alcool entre les mains. Elle continuait de le regarder alors que lui faisait tout pour éviter son regard. Signe qu'elle disait vrai. Il ne semble plus vraiment intéressé par elle. Il ne la regarde plus comme avant. De toute façon tout à changé. Et là c'est elle qui baissa le regard quand il se mit à lui parler d'elle. Les larmes lui montèrent aux yeux. Les hormones ? Peut-être. Mais c'est surtout le fait qu'il l'a percé à jour.

_ Je ne peux pas redevenir comme avant.

Tout était différent à présent. Harry, son pire cauchemar, était toujours dans les parages. Certes, il la laisse tranquille depuis qu'elle est enceinte mais rien ne garantit qu'il n'attaquera pas de nouveau un jour. Elle reprit quand même tout en relevant le regard vers lui.

_ Avant c'était différent Walter. Tu ne savais pas qui j'étais vraiment. C'était facile d'être celle que tu voulais, celle que je voulais. Mais là, c'est plus pareil. Quand j'étais jeune, il n'y avait que moi, je n'avais rien à perdre. Harry pouvait faire de moi ce qu'il voulait, je le voyais comme un ami. Aujourd'hui tout est différent. Il n'y a pas que moi en jeu. J'ai tout cassé entre nous. Et les enfants... je suis prête à tout pour qu'il ne l'apprenne jamais.

Tu ne veux plus vraiment l'entendre...

Répliqua-t-il lorsqu'elle lui reprocha de ne plus dire je t'aime. Oui il le disait moins, mais c'était parce qu'elle ne l'écoutait plus non plus... Ils étaient séparés. Fin dans un sens. C'était la vie commune sans plus aucune complicité.
Mais lorsqu'il reprit pour lui dire qu'il voulait retrouver la Abi d'avant, il ne s'attendait pas à voir des larmes arriver dans ses yeux. Elle se montrait sensible et s'expliquait enfin sur ce qu'elle ressentait. C'était une des premières fois qu'il la voyait parler comme ça de l'époque Harry alors il écouta en silence avant de s'approcher d'elle pour lui attraper les mains. Lui montrer qu'il était là malgré tout...

Peut être que j'en demande trop aussi. Je suis désolé. Je sais que ce que tu as vécu est là. Que ça ne s'effacera jamais.

Il se mit à la fixer intensément avant de prendre quelques billets et de les jeter sur la table. Il se leva et l'aida à faire de même pour qu'ils puissent quitter le petit salon de thé. Un Walter impulsif comme elle avait l'habitude de le voir. Comme elle le connaissait.

On va aller à la plage, à l'endroit où on s'est rencontré et tu vas voir que tu es toujours la même. Même après Harry. Puis dans ce qui ne va pas, c'est aussi de ma faute. Je t'ai forcé à avoir les triplés. J'aurais pas du parce que tu m'en veux. Tu as raison. Je t'ai embarqué dans un truc vraiment dur. Le plus dur que notre couple à vécu.

L'entendre lui dire qu'il l'aime est quelque chose de fort, d'autant plus que Walter n'est pas quelqu'un qui le dit facilement. Mais c'est vrai que c'est elle en parti qui n'a plus envie de l'entendre. Non pas parce qu'elle ne partage pas les mêmes sentiments, bien au contraire, mais plutôt parce qu'elle ne mérite pas son amour. Abi se mets la pression toute seule et une bonne partie de leurs problèmes de couple vient d'elle. D'ailleurs il le savait très bien puisqu'il lui fit remarquer qu'elle n'était plus la même. Mais comment redevenir la femme parfaite qu'il avait. Cette femme toujours souriante et détendue. Elle ne pouvait pas l'être avec Harry dans les parages. Elle vit sur les nerfs, avec la certitude que son monde va s'écrouler d'un jour à l'autre. Ce n'est qu'une question de temps, Harry frappera de nouveau. Elle a peur pour les enfants. Peur pour elle aussi. Que diraient leurs amis, leurs voisins en apprenant ce qu'elle est ? Elle se rendait malade rien qu'en imaginant tout ça. Elle ne le supporterait pas.

Les larmes lui montèrent aux yeux et pour la toute première fois, elle parla de son adolescence à Walter. De cette période sombre où elle n'avait plus rien à perdre, même pas sa fierté. Elle n'avait plus rien à cette époque. Aujourd'hui tout est différent.
Elle se retrouva avec Walter tout proche d'elle et elle resserra ses mains dans les siennes. Ce simple contact lui faisait du bien et l'apaisait un peu. Elle le regardait aussi. Puis elle se leva avec lui, le suivant sans même rien lui demander.

_ Tu ne m'as pas forcé à les avoir... c'est juste que ça aurait du se passer autrement.

Être sure que ce soit lui le père pour commencer. Et puis n'attendre qu'un bébé, pas trois. Et pour finir, elle aurait aimé qu'il s'investisse dans sa grossesse autant que dans les précédentes.

_ Et puis ce ne sont pas les triplés le plus dur. C'est Harry... c'est lui qui nous complique la vie, c'est mon passé. Je suis désolée, tout vient de moi.

Walter s'était levé pour kidnapper sa femme et l'emmener à la plage. Ça allait leur faire du bien à tous les deux de se retrouver dans leur bulle. Pour une fois ils allaient essayer de parler sans hausser le ton. Fin ils avaient déjà commencé en se dirigeant vers la voiture. Mais Walter ne fit pas son aveux le plus grand avant d'être bien installé dans l'habitacle.

J'ai fait quelque chose Abi... C'est peut être stupide, mais j'ai engagé un détective privé pour qu'il suive Harry. Qu'il trouve assez de preuves pour l'envoyer derrière les barreaux, ou qu'il soit renvoyé en Angleterre. Il avance doucement, mais il a de plus en plus de preuves... On va réussir à le faire tomber.

Harry était un gros problème pour la rouquine qui avait peur de se voir dénoncer pour son passé. Un passé pas très glorieux, c'est vrai, mais s'il avait pardonné, tout le monde le pourrait. Oui, même les enfants, parce qu'ils avaient beau grandir dans un monde parfait, ils étaient au courant que ce n'était pas le cas pour tout le monde.

Tu ne m'en veux pas ?

L'avocat attendait avant de démarrer la voiture, il voulait être sur que sa femme ne se mette pas à lui hurler dessus. Il avait pris cette décision de suivre le criminel pour le bien de sa belle. Pour qu'elle puisse enfin passer à autre chose, pour qu'elle puisse guérir de son passé. Mais celle ci ne parlait plus et il ne savait plus trop quoi faire. Il n'aurait peut être rien du dire avant d'avoir un dossier complet sur le proxénète.

Je t'avais promis de ne pas aller le tuer et je suis avocat. J'ai pensé qu'en montant un dossier sérieux contre lui, c'était mon meilleur moyen de le mettre hors jeu et de te protéger. J'avais beau vivre loin de ton cœur, je t'aimais toujours autant. Je t'aime toujours autant...

Aller faire un tour à la plage leur fera du bien. Ils se sont connu là-bas, lors d'une fête. Depuis ils aiment y aller en famille. La mer c'est quelque chose d'important pour eux. Elle du d'abord remonter dans son bolide pas fait pour elle puis une fois à l'intérieur, il se mit à lui avouer quelque chose. La rouquine resta à le regarder. Elle ne savait pas trop comment réagir. Elle était partagé entre la peur que ça ne fonctionne pas et que ça empire les choses et l'envie d'espérer que ça fonctionne. Elle resta silencieuse un moment. Elle n'y avait pas fait attention, c'est seulement quand Walter se remit à parler qu'elle comprit qu'elle devait dire quelque chose avant de l'inquiéter.

_ C'est une bonne idée mais... je sais pas. Et si ça ne marche pas ? Ça ne fera que le rendre furieux.

C'était avouer toute la peur qu'elle ressentait pour cet homme. Elle qui d'ordinaire était souriante et pleine de joie de vivre, aujourd'hui elle n'avait plus besoin de cacher ses craintes à son homme puisqu'il savait tout. Seulement il découvrait une femme angoissée et rongée par son passé.

_ S'il tombe, je risque de tomber avec lui Walter... la prostitution est interdite.

Elle pourrait elle aussi se retrouver en prison. Voilà une nouvelle peur à présent. Sans parler du fait que même sans Harry, celui-ci pourrait engager quelqu'un pour lui mener la vie dure. La rouquine aura toujours peur de tout.

Walter avait agis sans en parler à sa femme, mais il avait fait sa bien. Il n'avait pas tenté d'aller voir Harry pour lui dire deux mots, non, il montait un dossier solide contre lui. Il avait déjà retrouvé plusieurs filles comme Abi grâce au détective privé et en leur parlant il avait retrouvé la même méthode. Des filles fragiles, faciles à manipuler. Pas des prostituées. Juste des gamines complètement perdues. Sa rouquine l'était d'ailleurs toujours un peu, comme bloquée à cette époque tant que cette histoire ne serait pas résolue.

Il va tomber. Et il préfèrera tomber comme proxénète plutôt que comme violeur. Tu es en sécurité. Pour une fois je fais les choses bien. Je te protège avec ce que je connais le mieux. Mon boulot.

Et par là il voulait aussi qu'elle comprenne qu'il avait enfin ouvert les yeux sur une partie de leur problème. Il ne connaissait pas sa famille aussi bien que son boulot, toutes ses années il n'avait pas mis les choses dans le bon ordre.
Il finit par démarrer la voiture et se mit en route pour la plage. C'était assez loin de la maison, mais ça n'avait pas d'importance. Pas aujourd'hui. Il avait ce sentiment que ça leur ferait du bien de se retrouver là où ils s'étaient rencontrés pour la première fois. Là où il avait compris que l'amour n'existait pas que dans les comptes de fée. Cependant la route lui parut plus courte que d'habitude, car il y venait encore souvent quand ça n'allait pas.

Je me souviens encore de ce que j'ai ressenti quand je t'ai vu pour la première fois.

Le grand brun sortit de la voiture après s'être garé et fit vite le tour de celle ci pour aller aider sa femme. Elle se retrouva coincée entre la voiture et lui et il en profita. Peut être n'aurait il pas du, mais il en avait voulu. Alors il lui vola un baiser au coin des lèvres avant de lui prendre la main pour aller en direction du sable.