Un mois après avoir vu Harry au supermarché, Abigail continuait sa petite vie comme elle le pouvait. Elle en était maintenant à quatre mois de grossesse et son ventre se montrait très bien. La plupart des gens la croient déjà enceinte de six ou sept mois. La fatigue se fait de plus en plus ressentir mais avec Walter, ils se préparent à accueillir une jeune Anglaise au pair qui viendra les aider dans un mois si tout va bien. Mais pour l'instant, elle continue de faire ce qu'elle peut à la maison. Walter l'aide beaucoup, les enfants pas vraiment. Elle se repose dès qu'elle le peut ou qu'elle en ressent le besoin. Et pour l'instant tout se passe bien. Hormis peut-être les petits malaises qu'elle fait parfois.

Comme les enfants étaient à l'école et Walter au boulot, elle s'installa dans le canapé pour se reposer un peu. Mais pas sans rien faire puisqu'elle en profita pour chercher des idées de prénoms sur internet. Trois bébés, c'est clair que ça ne sera pas facile de trouver quelque chose qui leur plaira vraiment. Son téléphone était posé près d'elle et quand elle reçut un message, elle regarda tout de suite, de peur que ça soit les enfants. Mais non, c'était Harry. Il lui demandait de le rejoindre chez lui. Il lui rappela même de venir seule. Anxieuse, elle hésita. Elle tenta même d'appeler Walter mais il devait être en rendez-vous puisqu'elle eut son répondeur. Elle se leva alors avant d'aller s'habiller un peu mieux. Elle mit un pantalon de grossesse avec un tee-shirt un peu décolleté. Sa poitrine a doublé de volume et tout est décolleté maintenant. Puis elle mit une paire de ballerine avant d'attraper son sac et de prendre la voiture. Elle arriva là-bas et elle mit cinq bonnes minutes avant de descendre de voiture et toquer à la porte de son bourreau. La peur au ventre. Elle ne lui a pas encore dit être enceinte alors elle appréhende sa réaction.

Aujourd’hui était un jour spécial. En effet cela faisait plus d’un mois qu’il avait croisé Abigaïl au supermarché. Et là…Il avait enfin décidé de faire le premier pas en lui envoyant un texto.

Mais revenons un peu plus tôt dans l’histoire…

Il faisait beau aujourd’hui. C’est d’ailleurs une lueur de soleil qui vint à réveiller Harry en ce jour. Les yeux dans les vapes, et un petit mal de crâne dût à une cuite de la veille, il jetta un rapide coup d’œil à son téléphone. 13h30.
Autant dire une jolie grasse matinée ! Pensa-t-il tout en venant s’étirer.

Se levant sans grâce, son premier geste fut d’allumer une cigarette, tout en allant se servir une bière. Un petit rituel du matin, digne d’un londonien.
Posé sur le rebord de la fenêtre, avec comme simple habit un caleçon, il profita de la météo bien gentille aujourd’hui, avant de sortir une nouvelle fois son téléphone. S’était le jour. Oui…Il voulait la voir. Et c’est donc pour cela qu’il lui envoya un texto, lui demandant de le rejoindre dans son appartement.

Un appart montrait bien qu’il manquait une femme ici d'ailleurs. Les bouteilles trainaient, et la vaisselle stagnait dans l’évier depuis plusieurs jours maintenant. Et se fut sans réelles motivations, qu’il alla se laver, avant d’enfiler un jean, et un marcel gris.

Il fallut une petite heure, avant d’entendre quelqu’un toquer à la porte. Souriant, il alla ouvrir. S’était-elle…Elle était venue.
La regardant de haut en bas, le sourire baissa pourtant bien vite lorsqu’il constata son ventre. Elle avait grossi. Et ce n’était pas de la graisse non. Clairement un ventre de femme enceinte.

-Hey Abi’.

Lui faisant signe de rentrer, il l’invita à venir s’installer dans la cuisine.

-Tu veux un truc à boire ?

Dit-il tout en se servant une nouvelle bière.

En venant ici, elle prenait de très gros risque. Pour elle et les bébés, mais il fallait bien qu'elle protège ses cinq ainés. Le secret doit être gardé à tout prix; ils ne doivent pas savoir le passé sordide de leur mère. Elle y a bien réfléchit pendant le mois qui vient de s'écouler. Elle n'en a pas parlé à Walter pour ne pas l'inquiéter. Il est déjà assez angoissé et déborder à cause des triplés. Tout est assez pénible en ce moment, inutile d'en rajouter. C'est un petit mensonge, il ne va pas lui en vouloir pour ça. Si ?
Elle en prend le risque. C'est pour ça qu'elle était venu finalement. Mais ce n'est pas pour ça qu'elle était souriante et heureuse. Elle avait peur.

Quand la porte s'ouvrit, elle ne dit rien et resta à le fixer. Elle remarqua sa surprise et son sourire qui s'efface. Il ne dit rien cependant et l'invita à entrer. Elle hésita mais elle finit quand même par faire un pas en avant. C'est un taudis cet endroit et Harry l'empire encore plus avec son désordre permanent. Elle entra en regardant un peu autour d'elle et quand il lui demanda de s'asseoir, elle le fit. Elle doit se reposer au maximum alors autant ne pas trop rester debout. Walter ne serait pas content s'il la savait entrain de se balader.

_ Nan ça va.

Elle n'est pas ici pour boire un verre entre ami ou se taper la causette. Elle est venu parce qu'il l'a menacé. Elle n'en a pas eut le choix et c'est tout en le fixant, une main sur son ventre rebondit qu'elle reprit.

_ Qu'est-ce que tu veux ?

Harry attendait ses retrouvailles depuis bien longtemps maintenant. Abi’ avait longtemps été qu’une prostituée pour lui. Mais elle avait ce petit truc qui lui donnait envie de changer. Bien évidemment son côté malfrat et avide était toujours là, mais une sorte d’attachement était né. Dans son sens…
Lorsqu’il ouvrit la porte, Harry ne s’attendait pas à se retrouver nez à nez avec une femme enceinte. Il fut quelques peu surprit d’ailleurs. Son regard le trahissait.

Restant de marbre, il l’invita pourtant à rentrer, avec son sourire habituel.
Il ne chercha pas à la forcer lorsqu’elle vint à dire qu’elle ne voulait rien à boire. Buvant au goulot sa bière, il vint à s’assoir à son tour à la table, fixant le moindre de ses gestes.

-Hey relax, je voulais juste discuter un peu.

Harry souri une nouvelle fois, tentant de donner une image confiante de son personnage. Elle semblait mal à l’aise. Dans un sens il pouvait la comprendre. Il l’avait quand même littéralement sauté dessus, plusieurs mois auparavant. Un geste qu’il regrettait. Il voulait lui prouver qu’il tenait à elle et qu’il ne partirait pas. A croire qu’il avait détint sur son frère. Ne sachant pas du tout comment s’y prendre.
Se grattant la tête, il reprit.

-Et bien…Tu me connais Abi’…Enfin je veux dire, tu me connaissais bien. Tu te rappelles d’avant je suppose. Quand on faisait les 400coups. *marque une pause*
Je sais que je suis un putain de gros enfoiré et qu’au final, j’ai peut-être pas été vraiment… « cool » avec toi.

Harry but une nouvelle gorgé, tout en lui faisant signe d’attendre avant de répliquer. Il regarda une nouvelle fois son ventre d’ailleurs, durant cette courte pause. Ce bébé l’intriguait, et il comptait bien lui en toucher deux mots ensuite.

-Et bien voilà je regrette. *tente de sourire*. J’ai toujours voulu bien m’occuper de mes filles, et que tu le veuilles ou non, une fois que tu es rentrée dans le cercle du proxénétisme, tu es toujours « ma » fille. Et j’ai pas géré avec toi. Je n’aurais peut-être pas dû faire ce que j’ai fait il y a quelques mois. C’est pas pardonnable, mais je voulais que tu le saches. Je ne suis pas Tyler.

Tyler, s’était son frère. Abi avait très certainement dû le croiser autrefois, lorsqu’ils étaient encore à Londres. Un mac, tout comme lui, mais qui jouait beaucoup ses cartes avec la drogue également. Un mec qu’il respectait, bien que Tyler ait une vision bien différente de la femme. De la bonne marchandise à revendre. Ni plus ni moins.

Venir chez Harry était risqué et Abigail en était bien consciente. Mais refuser serait encore plus dangereux. Il pourrait dire la vérité aux enfant ou à la famille de Walter. Ou même encore répondre la vérité dans toute la ville. Abi ne remontera jamais la pente si tout le monde se mets à la regarder comme autrefois. Elle qui ne voulait plus retomber aussi bas, elle n'en était pas loin. Mais bon, elle faisait face comme elle pouvait, parce que pour l'instant, elle arrivait à protéger ses enfants. Tant qu'elle y arrivera, tout ira bien. Enfin aussi bien que possible.
Elle aurait eut espoir qu'en la voyant enceinte, il la renvoi directement chez elle. Parce qu'il faut se rendre à l'évidence, elle ne lui sert à rien dans cet état. Elle ne peut pas bosser et donc c'est un manque à gagner. Mais il n'en parla même pas. Elle entra et s'installa sur une chaise en posa une main sur son ventre.

_ Discuter de quoi ?

Elle était direct parce qu'elle ne voulait pas trainer des heures ici. Elle le laissa parler. De toute évidence il cherchait ses mots. Elle ne dit rien et le laissa finir. Elle n'affichait toujours aucun sourire ni aucun plaisir à être ici. Ce n'est pas des excuses qui changeront quelque chose à ce qu'il a fait. Même si le fait qu'il s'en veuille la rassure un peu. Au moins il n'est pas pourri jusqu'à la moelle.

_ Tu n'es pas loin de devenir comme lui.

Elle avait prit quelques secondes avant de lui répondre et finalement c'est ça qui sortit. Tyler... ce type lui foutait une trouille bleu à l'époque. C'est sans doute pour ça qu'elle était si proche de Harry, parce qu'il la protégeait de lui. Harry est un ange à coté de son frère mais ce qu'il lui a fait n'est pas pardonnable.

_ Écoutes, si c'est mon pardon que tu veux, je peux pas... j'ai toujours su que tu n'étais pas fréquentable mais je pensais que jamais tu ne me ferais du mal physiquement. Tu as changé et pas en bien Harry.

Harry lui parla tout en essayant de rester calme et droit. Il cherchait même parfois ses mots pour s’exprimer. Chose qui n’était pourtant pas dans ses habitudes.Harry est quelqu’un qui a toujours su avoir la tchatche et surtout le dernier mot. Mais cette fois était différente. Après tout il était entrain de lancer des pseudos excuses. Chose qui n’était véritablement pas dans ses habitudes.

Abi’ restait de marbre, et autant dire que cette garde choisie l’énervait quelque peu, bien qu’il ait le don de pouvoir le cacher. Harry était le roi en matière de magouille après tout. Et pour ce genre de combine, il valait mieux savoir mentir et cacher ses sentiments comme savoir respirer.

Après ce long monologue, le proxénète ne put s’empêcher pourtant de serrer un de ses poings. Une manière pour lui de contenir le sentiment qu’il ressenti lorsqu’elle en vint à lui dire qu’il ressemblait de plus en plus à son frère. Bien qu’il l’adulait, il savait comment marchait Tyler, et s’il y avait bien une chose qu’il voulait éviter après toutes ses années, s’était bien lui ressembler.
Il ne répondit pourtant pas. Se contentant de soupirer, tout en calmant ses nerfs avec une nouvelle gorgée de bière.

-Je ne cherche pas ton pardon en t’expliquant tout ça. Mais je devais te le dire. *tente de sourire une nouvelle fois*. Et Abi’…Tout le monde change, même toi.

Harry regarda une nouvelle fois le ventre de la rouquine. Cette vision le titillait. Depuis quand était-elle retombée enceinte ? S’était surement ce foutu « Walter » qui l’avait encore foutue en cloque ! Pensa-t-il.

-Il y a un moment, j’ai vraiment voulu changé…*Harry reflechissa quelques secondes avant de finalement abandonner la suite de cette phrase. Il ne voulait pas dévoiler ses sentiments qu’il avait ressenti à Londres avant qu’Abi ne se barre* …Mais je crois que c’est dans mon destin d’être comme je suis. Je suis peut être…Non surement une grosse enflure, mais je ne veux pas être celui que j’ai été il y a quelques mois. C’est tout ce que je voulais que tu saches.

Soupirant, finissant cul sec la fin de sa bouteille, l’image de sa rouquine enceinte le titillait de plus en plus au fil des secondes qui passaient. Sa curiosité le rattrapa, reprenant de plus belle d’une façon qui sortait de l’ordinaire.

-Fille ou garçon ?

Son poing était vraiment utile aujourd’hui. Il lui permettait de contrôler sa colère, en le serrant le plus fort possible. Harry avait beaucoup de défauts, mais il détestait les entendre. Peut-être un peu trop d’orgueil pour le proxénète. Abi’ disait qu’il avait empiré avec le temps. L’envie de crier pour se défendre était grande. Mais il gardait cette colère en lui. Après tout ce n’est pas ce qu’il voulait aujourd’hui.
 
Soupirant, il reprit pourtant ensuite. Tentant vainement de lui expliquer qu’il avait déjà essayé de changer une fois. Lorsqu’Abi était encore dans son bordel à Londres. Il avait vraiment apprécié la présence de cette dernière. Il commençait même à changer à cette période. Souriant et jouant avec sa rouquine qui était le clou de son spectacle. Mais sa traitrise avait en quelque sorte prouvée qu’il ne pouvait se fier à personne. S’enfermant d’autant plus dans les mauvais coups et la drogue dure.
En parlant de drogue...Harry se contenta de sourire lorsqu’elle vint à lui dire d’arrêter.
 
-Au moins la drogue ne trahit pas.
 
Soupirant, finissant cul sec la fin de sa bouteille, l’image de sa rouquine enceinte le titillait de plus en plus au fil des secondes qui passaient. Sa curiosité le rattrapa, reprenant de plus belle d’une façon qui sorti de l’ordinaire.

-Fille ou garçon ?

Au moins cette phrase avait redonné un petit sourire à la belle.
Souriant à son tour, tout en utilisant une de ses mains comme appui contre sa joue, il reprit.

-Tu vas bientôt pouvoir faire une équipe de foot’ avec tout ces gamins chez toi.

Harry n'est pas une personne avec qui elle aime passer du temps. Ça l'était il y a longtemps, quand elle le considérait comme un ami avant d'ouvrir les yeux et voir qu'il se servait d'elle. Avant de rencontrer Walter en réalité. C'est lui qui lui a fait ouvrir les yeux. Il lui a fait découvrir ce qu'est la vraie vie et le bonheur. Walter est tout pour elle, c'est l'amour de sa vie et Harry ne pourra jamais rien contre ça.


Pourtant elle était bien là, assise face à lui à le regarder et lui parler. Elle alla même jusqu'à lui conseiller d'arrêter la drogue, que ça serait mieux pour lui. Mais monsieur a réponse à tout. Elle préféra ne pas répondre et simplement le regarder. Un regard profond qui en disait long. Cet homme ne sera jamais bon, il n'arrivera jamais à sortir de tout ça, il y est encré depuis sa plus tendre jeunesse.
Mais il arriva quand même à la faire sourire. Parler de sa grossesse la fait toujours sourire. Même si la paternité n'est pas bien définit, pour Walter et elle, ce sont ses enfants à lui.

_ ça va nous en faire huit... mais on s'arrête là, cette fois c'est sur.


Trois d'un coup, c'est clair qu'elle ne s'y remettra pas tout de suite et après elle sera trop vieille. Ces trois petits bouts seront leurs petits derniers et forcément elle va en profiter à fond. Même s'il y aura forcément des jalousie des plus grands. Surtout de Maya et Logan.



_ Tu n'as jamais pensé à te caser et fonder une famille ?