Le temps passait bien plus vite qu’il n’y paraissait. Cela faisait maintenant trois mois qu’il n’avait pas vu Abigaïl. Et autant dire que ce temps, il le passa dans une sorte de bulle. Au bien évidemment, il n’avait pas lâché ses proies pour son entreprise, mais pourtant…Il y avait comme un manque en lui. Un manque de la rouquine. A croire que cette nana était une vraie drogue pour lui. Les journées il les passait à boire, et à se taper des nanas qu’il ne connaissait ni d’Adam ni d’Eve. Le soir ?...Il faisait tout simplement le boulot qu’il avait l’habitude de faire depuis plusieurs années maintenant.
« Mac un jour, Mac toujours ! » Le foutu dicton que son grand frère lui avait rentré au fin fond de son crâne.

Cette journée, Harry l’appela : Creepy Day. Comme toutes les autres d’ailleurs. Mais celle-là sembla l’irriter tout particulièrement, lorsqu’il vit que son frigo était vide. Enfin vide... Dans son langage. Car oui il y avait bien de la nourriture…Mais apparemment, aucun signe d’alcool à se mettre sous la dent. C’est ce fait qui le força donc à s’habiller, avant de se diriger vers le centre commercial.

Il n’y avait pas foule aujourd’hui.
A croire que les gens passent leurs journées à travailler ? Une réflexion tout droit de sa tête qui le fit rire. C’est vrai qu’il ne faisait pas partie du cercle de la vie « normale » à son état pure.
Pourtant ce petit sourire ne resta que peu de temps sur son visage, lorsqu’il reconnut une silhouette au loin. Oh que oui cette silhouette…Il pouvait la reconnaitre entre mille. C’était Abi.
Harry n’alla pas de suite à sa rencontre. Non il la regardait. Qu’est ce qu’elle foutait devant ce magasin pour bébés ? Etait-elle encore enceinte de ce mec ? Walter ?

Il ne chercha pourtant pas plus loin. Soupirant, un poil heureux de pouvoir la croiser, il s’approcha suffisamment près d’elle sans se faire voir, avant de lui lancer un petit chuchotement à l’oreille.

-Hey, bonjour ma jolie petite rouquine.

Abi lui demanda ce qu’il voulait, pourtant il ne répondit pas de suite. Ou plutôt….Il répondit par une autre phrase en lui disant de bien faire attention au ton qu’elle prenait avec lui. Après tout c’est vrai….Harry déteste cette sensation de faiblesse. Il veux et a toujours vécu pour être au dessus de tout. Même des lois. Et son rêve était de devenir plus fort que son grand frère.

Lorsqu’elle lui répondit un gentil « Va te faire foutre » , Harry ne put s’empêcher de rigoler. Elle voulait partir, pourtant ce n’était pas le cas d’Harry. Se contentant de la suivre, les mains toujours dans les poches, il était maintenant à ses cotés.

-Tu n’achètes rien ? Tu avais l’air tellement emballée par cette boutique, j’ai failli croire que tu attendais un nouveau bébé. *sourit*. Pourquoi tu t’enfuis comme ça ? Je veux juste te parler.

Dans un sens…Il disait la vérité. Son envie de lui faire du mal n’était pas au gout du jour. Il voulait juste prendre de ses nouvelles. Savoir comment vivait sa petite Abigaïl. Car au fond de lui même, une partie de bonté et surtout de lui même, s'en voulait de son acte passé. Il espérait pouvoir renouer un lien. Car bien qu'elle lui ai volé son pognon, et se soit barrée sans rien dire, il l'aimait toujours.

Autant dire qu'il ne sait pas du tout comment s'y prendre pour être une gentille personne.

La réaction d’Abi face au mot « Bébé », laissa Harry quelque peu dubitatif. Pourquoi avait-elle réagit comme ça ? A croire qu’elle lui cachait quelque chose. Pourtant il ne chercha pas plus loin. Elle ne semblait pas avoir envie de lui parler, et pour le coup, un petit soupir se fit entendre de la bouche d’Harry.

-Abigaïl s’il te plait ? Je peux te parler ?

Le jeune blond n’était pas du genre à lancer des « s’il te plait » à tout va. Pourtant et aujourd’hui, il semblait aller contre ses croyances. Comme s’il essayait de rétablir un lien entre eux.
Il tenta d’ailleurs de lui prendre sa main pour la forcer à s’arrêter. Une main qui était si douce.

- Juste quelques minutes, et je te fous la paix.

Son visage sembla cette fois beaucoup plus doux et gentil. Comme si les 10% du "Gentil Harry" étaient sortis le temps de quelques secondes. Il ne l'avait pas vu depuis plusieurs mois, et cela semblait l'avoir enfoncer littéralement 4 pieds sous terre. Elle était son amphétamine. Cette sensation de femme inatteignable, qu'il voulait posséder et avoir juste pour lui.

Harry s’attendait bien à ce qu’elle rejette sa main. Pourtant un certain soulagement s’installa lorsqu’il la vit s’arrêter et se retourner vers lui. C’est vrai après tout. Elle aurait pu courir, appeler la sécurité. Bien sûr cela n’aurais pas arrêté l’homme pour avoir sa discussion, mais il avait évité bien des obstacles inutiles.
Pourtant un petit soupir tomba, lorsqu’elle vint à lui répliquer qu’ils n’avaient plus rien à se dire.

-C’est justement de la dernière fois dont je veux te parler.

Il s’en gratta la nuque doucement. Son regard était quelque peu changé, tout comme son attitude. Harry était du genre franc et ne tournait pas mille ans autour du pot, pourtant cette fois était différente. Grognant doucement, s’énervant de ne pas savoir quoi dire, il reprit .

-Ecoute je sais que je suis un véritable connard, pourtant je sais pas…Je voulais m’excuser je…Je sais pas ce qui m’a pris.

Harry avait beaucoup de mal à s’expliquer, et autant dire que cela se voyait sur son visage. Il ne voulait pas devenir comme son grand frère. Un mec qui ne se soucie que de lui et de son pognon. Oh bien sur Harry n’était pas un ange non plus suite à son passé de Proxénète, mais il avait toujours respecté la femme au contraire de son frère. L’impression de devenir comme lui, le forçait à ressentir du regret face à son geste d’autrefois, vis-à-vis de la femme qu’il avait maintenant face à lui.
Il reprit doucement.

-Je veux juste savoir comment tu te sens.

Harry ne broncha pas lorsqu’elle vint à lui lancer sèchement qu’elle allait très bien avant qu’il n’arrive. Son expression ne disait rien, mais son poing se serra quelque peu. Il voulait gueuler, mais il canalisa tout simplement. Enfin…Du moins jusqu’à ce qu’elle enchaine sur un parfait monologue qui l’énerva quelque peu.

-Oh vraiment ? Ta vie est parfaite ? Tu m’étonnes c’est tellement facile d’en recommencer une en brisant la confiance d’un ami !

Harry parlait de leur passé commun. Du jour où elle l’avait trahit, en lui volant tout son argent. Il ne savait pourquoi encore, mais ce geste l’avait comme totalement détruit sentimentalement parlant. A vrai dire, Abi’ était la seule femme en qui il avait pu avoir une confiance totale autrefois, et maintenant, bien que totalement brisé, il s’attachait encore à elle, dans l’espoir qu’elle lui revienne. Elle était sa seule chance de pouvoir changer. Il ne la laissa pas répliquer d’ailleurs, reprenant doucement, et gardant sa colère en lui.

-Je t’aimais Abigaïl. Je t’aimais vraiment bordel. Et il a fallu que tu te barres et que tu me dépouille comme une vulgaire me*de. Alors ouai ok. J’aurais peut-être pas du te sauter dessus la dernière fois, mais je ne te permets pas de me balancer ça à la gue*le t’as compris ?!

Il lui agrippa le bras. Il l’agrippa juste, sans mettre réellement de la force dans son geste. A croire qu’il ne voulait pas la blesser à nouveau.

-Que tu le veuille ou non, tu as une dette envers moi. Et je ne disparaitrait pas de ta vie, tant qu’elle ne sera pas régler.